Nous l’avons bien cherché !

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Laïcisez l’école pour commencer, débarrassez-la des idées islamo-fascistes et des programmes à contenu pseudo-religieux qui véhiculent un idéal moyenâgeux. Et, quand l’occasion se présentera, réfléchissez à deux fois avant de voter islamiste !

Le 10/08/2019 à 10h22

Cette histoire des bénévoles belges montre que la violence et la sauvagerie ne sont pas des actes isolés mais relèvent de quelque chose de plus générique. Il y a une matrice qui produit la bêtise et elle n’est pas près de s’arrêter.

Le malade mental qui a appelé à décapiter les jeunes «volontouristes» (qui pratiquent un mélange de tourisme et de volontariat) appartient au corps enseignant. Il est instituteur, un presque prophète comme disait l’adage, c'est-à-dire quelqu’un qui diffuse un savoir, une lumière, qui éclaire la communauté.

Mais notre prophète n’en a que faire du volontariat, du désenclavement d’un douar près de Taroudant. Tout ce qu’il voit, ce sont des jeunes femmes en shorts. Donc désirables. Le désir, selon lui, est une offense à l’islam et aux musulmans. Alors il appelle au meurtre, et de la façon la plus barbare, par décapitation.

Nous avons aussi un député, c'est-à-dire un décideur national, qui estime que, sous couvert de volontariat humanitaire, les jeunes femmes en short ont en réalité le projet d’occidentaliser (occidentaliser signifie ici diaboliser, détruire) la société marocaine, de lui faire perdre ses valeurs, ses repères, son identité. C’est une sorte de théorie du grand remplacement à l’envers, avec des blancs et des blondes diaboliques, venus laver en blanc les fidèles de Taroudant et de tout le Maroc.

Alors le député paranoïaque «met en garde» contre les soi-disant objectifs cachés du volontariat. Les jeunes femmes en short seraient, selon cette vision, des «agents» chargés d’infiltrer la société marocaine pour la détourner de ses nobles devoirs et sans doute vendre son âme au diable.

Tout cela ferait presque rire, sauf que ce n’est pas une blague. Le presque prophète et le député ne sont pas des pauvres gens sans instruction et tenus à l’écart du développement socioéconomique. Ils font au contraire partie des «élites» de ce pays, ce sont deux personnes influentes, qui encadrent la population et décident pour elle. Le premier éduque les générations futures et le deuxième produit les lois qui gouvernent notre vie quotidienne.

Rien que ça ! 

Nous sommes donc un pays qui a ouvert ses écoles et son parlement au fanatisme. De plus en plus d’enseignants et d’élus adoptent le discours haineux du plus illuminé des faqihs.

Les programmes scolaires, et notamment le contenu des manuels d’éducation islamique, ne sont pas tombés du ciel. Ce sont des hommes et des femmes qui les ont élaborés, qui ont pris des décisions arbitraires, qui ont fait des choix pour mettre en avant les aspects les plus rétrogrades de la religion.

Quant au parlement, il n’est pas habité par des Martiens parachutés du ciel, mais par des hommes et des femmes auxquels les Marocains ont choisi de faire confiance. Il faut rappeler que le premier parti politique au Maroc est islamiste. Ses élus ont une idéologie et un projet de société. Quand on vote pour ce parti, on vote pour ce projet. Un projet de fermeture culturelle, d’uniformisation de la société. Un projet fasciste… auquel notre député paranoïaque reste assez fidèle, en fin de compte.

D’une certaine manière, l’instituteur et le parlementaire sont le produit des choix que le Maroc a fait en matière d’éducation et d’orientations politiques. Tout le problème est là. Et nous l’avons bien cherché.

Une solution ? Laïcisez l’école pour commencer, c’est la base de la base, débarrassez-là des idées islamo-fascistes et des programmes à contenu pseudo-religieux qui véhiculent un idéal moyenâgeux. Et, quand l’occasion se présentera, réfléchissez à deux fois avant de voter islamiste !

Par Karim Boukhari
Le 10/08/2019 à 10h22