Notaires: la crise de confiance

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Revue de presseKiosque 360. Les notaires se sont réunis cette semaine pour évoquer les perspectives d'avenir de leur profession. Mais très vite, les débats ont été dominés par la réalité et les scandales à répétition provoqués par certains notaires véreux.

Le 12/06/2015 à 22h33

Qui va protéger les consomateurs contre les notaires véreux? En attendant l’amendement de la loi régissant la profession, “Al Akhbar” dans son édition du week-end du 13 juin a consacré deux pages aux dérives de la profession. Et pour cause, les cas d’abus de confiance et de détournement de dépôts de clients ont tendance à se multiplier et à s’étaler en grands caractères sur les Unes des journaux. “Al Akhbar” rapporte à ce titre le cas de plusieurs personnes lésées, et ce, dans toutes les classes sociales.

En 2011, un notaire chargé de rédiger et de superviser l’exécution de dizaines de contrats d’une valeur de 500 MDH a pris la fuite avec les dépôts au Canada. Ayant obtenu la nationalité canadienne, il se savait à l'abri de toute poursuite sachant qu’il n’y a pas d’accord d’extradition entre le royaume et ce pays d'Amérique du Nord. Un autre notaire a floué la famille d’un ancien ministre dans la vente de sa villa arnaquant au passage une personnalité des Emirats Arabes Unis et soulageant une veuve d'une somme de 1,78 MD. En prime, il signe des chèques en bois à plusieurs sociétés d'un montant de 4 MDH. “Al Akhbar” évoque tous ces cas pour démontrer une crise de confiance et s’interroge: «Qui va protéger les citoyens contre les notaires pratiquant l’arnaque?».

87 plaintes déposées

Réunis en conclave le 10 juin à Casablanca à l’initiative du Conseil régional des notaires, les professionnels ont essayé de faire le point. Le tableau dressé est loin d’être radieux. Invité à la rencontre, Hassan Matar, procureur du roi, a affirmé qu’il y a 3.000 plaintes concernant des erreurs sur les noms des bénéficiaires des dépôts et 87 plaintes déposées contre des notaires indélicats. Tout en indiquant que le notaire «reste avant tout un être humain et qu’il peut commettre des erreurs», il a estimé qu’il ne lui est pas permis de commettre des fautes dans les contrats établis.

De son côté, le président du Conseil régional des notaires a insisté sur le facteur confiance qui doit caractériser la relation entre le notaire et les contractants. “Al Akhbar” rapporte que l’intervenant a déploré le changement de la relation de confiance qui existait entre les banques et les notaires avant l’amendement de la loi régissant la profession. Fortement applaudi, le président du conseil régional s'est tout de même excusé pour tous les délits commis par certains et d’appeler les notaires à respecter la loi en attendant sa révision.

Par Amine Haddadi
Le 12/06/2015 à 22h33