Nationalités marocaine et espagnole indûment acquises: l'Espagne enquête

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Revue de presseKiosque360. La police nationale espagnole a démantelé un réseau de trafiquants spécialisé dans la falsification de documents officiels pour l'obtention de cartes de séjour et de la nationalité espagnole. Les faussaires présentaient leurs clients comme des personnes originaires du Sahara marocain durant la période coloniale.

Le 01/03/2021 à 19h25

La police nationale espagnole a démantelé un réseau de trafiquants spécialisé dans la falsification des documents officiels relatifs aux cartes de séjour et à l’obtention de la nationalité espagnole. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mardi 2 mars, que ce réseau, composé de cabinets d’avocats et de traduction, se servait du Sahara marocain pour faciliter son trafic. Lors des descentes policières dans leurs locaux, implantés dans plusieurs villes, la police a interpellé 18 individus et saisi des documents indiquant que plus de 2.000 Marocains auraient obtenu soit des cartes de séjour, soit la nationalité espagnole. 

Le journal Granada Hoy souligne que les activités de ce réseau ont débuté en 2017, avec la création d’un cabinet d’avocats dirigé par un Espagnol. Ce dernier, qui a été interpellé avec l’un de ses employés, travaillait en collaboration avec des Marocains ayant usurpé la fonction d’interprète ou obtenu, de façon suspecte, des cartes de séjour ou la nationalité espagnole. Les investigations de la police ont permis de découvrir que ce réseau traitait, à Grenade, 80% des demandes présentées par les immigrés pour régulariser leur situation. 

Le quotidien Assabah rapporte que le réseau a exploité certains textes juridiques pour couvrir ses activités illégales en se spécialisant dans les dossiers des Sahraouis naturalisés lors de la colonisation du sud du Maroc. La loi espagnole permet, en effet, aux personnes originaires des provinces du sud d’obtenir la nationalité espagnole plus facilement que les autres demandeurs. C’est ainsi que ce réseau a attiré les immigrés résidant en Espagne, présentés comme de présumés Sahraouis, pour régulariser leurs situation.

Pis encore, les membres de ce cabinet d’avocats n’hésitaient pas à délivrer aux postulants un récépissé attestant qu’ils percevaient une pension de retraite du ministère de la Défense espagnole en tant que soldats de l’armée espagnole pendant la période de colonisation. L’enquête de la police a montré que la falsification de la pension de retraite (600 euros par mois) des soldats servait à l’obtention des cartes de séjour ou à la naturalisation, moyennant une commission allant de 4.000 à 12.000 euros.

Par Hassan Benadad
Le 01/03/2021 à 19h25