Moi, Safaa, contrainte à vendre ma chair

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Revue de presseKiosque360. Tout renvoie chez elle à la pureté et à l’innocence: son prénom, Safaa, son âge, 17 ans… le jour où le destin de la petite Safaa a basculé vers... l’horreur!

Le 09/08/2014 à 07h32

Elle se serait, peut-être, imaginée médecin, avocate, que sait-on?, femme de Lettres… Elle avait l’âge où l’on se prend naturellement à rêver, à se passionner, à réfléchir… "Elle", c’est Safaa. Très joli nom pour ce petit bourgeon, synonyme de pureté, de chasteté, de candeur et d’innocence. Et quand à ces qualités, viennent s’ajouter présence d’esprit, intelligence et talent, on a vraiment de la peine à imaginer comment le rêve de Safaa a pu, ô ironie du sort!, se transformer en cauchemar et son destin basculer irrémédiablement vers l’horreur. Une histoire à faire frémir, plutôt gémir, de colère, voire d’indignation. Celle de ce bourgeon arraché à son terreau, de cette jeune pousse offerte, à la fleur de l’âge, à la gloutonnerie de vautours en "Mâle" de conscience !

Qui a, alors, précipité ce petit bout de chair au fond du gouffre ? De quel droit et du haut de quelle irresponsabilité se permet-on de ruiner la vie des autres ? Et pour quelle raison, finalement ? Réponse dans le quotidien Al Ahdath Al Maghribiya, qui consacre, dans son édition du week-end, un dossier de deux pages où il met en évidence, à travers le cas de Safaa, cette insoutenable détresse de jeunes Marocaines contraintes à pratiquer le "plus vieux métier du monde". "Ma mère me répétait, dès mon jeune âge : je vais t’envoyer aux Emirats arabes unis pour me ramener de l’argent", témoigne Safaa, qui excédée par la cupidité de sa maman divorcée a fini par la dénoncer auprès de la police de Hay El Kabir, à Casablanca. "Profitant de sa séparation avec mon père, elle m’emmenait, enfant, pour assister à ses soirées intimes ; je lui servais de pis-aller pour ne pas éveiller la suspicion des voisins et lui imputer des griefs qui collent habituellement aux femmes divorcées", explique-t-elle, d’un ton où se mêlent à la fois révolte et sentiment de culpabilité. Révolte contre celle qui n’a d’une "maman" que le nom, puisqu’elle la forçait à se livrer à des amours tarifés.

Culpabilité, parce que la jeune fille a fini par porter plainte auprès de la police. Résultat? "Safaa souffre de graves troubles, qui nécessitent une consultation psychologique immédiate. Elle se sent livrée à elle-même, prise entre le feu ravageur du remord et le sentiment d’avoir raté sa vie", écrit le quotidien Al Ahdat, qui pointe du doigt le divorce en tant que cause principale du dévoiement des enfants. "Le cas de Safaa n’aurait pas eu lieu si le père était présent. Ce dernier représente un symbole de prestance, il garde un prestige et une autorité sur les enfants, empêchant ces derniers, garçons ou filles, de tomber aux griffes de la délinquance", conclut le journal. Exact. Mais il faut dire que, au-delà du divorce, il y a cet appât de l’argent facile qui incite nombre de parents à faire de mauvais choix pour leurs enfants.

Par Ziad Alami
Le 09/08/2014 à 07h32