Marrakech: les remparts menacés par les constructions anarchiques

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Revue de presseKiosque360. Malgré plusieurs projets de restauration, les remparts de Marrakech sont de plus en plus menacés par les constructions anarchiques. Face à la passivité des autorités et des élus locaux, des pans entiers de la muraille ont été intégrés à des maisons, des riads et des restaurants.

Le 20/08/2019 à 20h48

Pour protéger Marrakech, la capitale des Almoravides, des incursions de ses opposants, Ali Ben Youssef avait construit, en 1126, une forteresse longue de 9 kilomètres. Au fil des siècles, les Almohades, les Saadiens et les Alaouites ont constamment agrandi ces remparts. Pendant le protectorat et, plus précisément, en 1914, cette muraille a été déclarée patrimoine national. Une loi a été décrétée, interdisant toute construction à des distances définies à l’intérieur et à l’extérieur de cette fortification. Mais juste après l’indépendance, cette loi a été violée par les décideurs, qu’ils soient conseils élus ou autorités provinciales.

Du coup, plusieurs tours ont été transformées en maisons, voire intégrées à des riads et des restaurants et enregistrées à la conservation foncière comme étant des propriétés privées. Au fil du temps, certains ont osé ouvrir des portes pour faciliter l’accès à leurs projets commerciaux ou touristiques avec la bénédiction des autorités locales. Aujourd’hui, plus de 500 bâtiments, maisons, riads ou établissements publics, traversent les remparts et les tours de Marrakech. Et comme la plupart de leurs habitants ou de leurs exploitants utilisent l’eau pour le ménage ou pour l’arrosage des jardins, les infiltrations de l’eau causent, de temps en temps, l’effondrement de pans de remparts. 

Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mercredi 21 août, que le lancement du projet royal pour la réhabilitation de l’ancienne médina devait en principe libérer une partie des tours de la muraille. Il était prévu de démolir des dizaines de maisons, mais l’opération de relogement a été confrontée à de nombreux problèmes, malgré l’enveloppe budgétaire allouée à ce projet. L’autre projet «Marrakech, cité du renouveau permanent», lancé par le roi Mohammed VI en 2014, a connu le même sort. Dédié à la restauration des remparts de la ville, il n’a pu être achevé car le budget alloué a été suspendu par le ministère des finances à cause de l’expiration du délai légal fixé pour ce programme. Sans oublier que l’opération de restauration a connu d’énormes difficultés, particulièrement dans certaines parties occupées illégalement par des dizaines d’habitants. 

Encore faut-il rappeler que les responsables de ce chantier ont découvert tardivement que le budget alloué à ce projet était insuffisant. La preuve qu’ils n’ont pas effectué d’études techniques et financières pointues avant de commencer l’opération de restauration. Selon certains architectes, ces projets sont octroyés à des entreprises qui n’ont aucune expérience dans la restauration des bâtiments historiques. Ces derniers utilisent le ciment qui est incompatible avec les matières utilisées dans la construction des remparts qui, du coup, sont souvent menacés de fissures, voire d’effondrement.

Par Hassan Benadad
Le 20/08/2019 à 20h48