Marchés publics: un charlatan devient célèbre en conseillant des hommes d'affaires

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Revue de presseKiosque360. Certains hommes d’affaires n’ont plus besoin d’un cahier des charges bien structuré pour remporter des appels d’offres. Plusieurs d’entre eux préfèrent recourir à un charlatan safiot devenu célébrissime pour gagner les marchés publics avec de simples talismans. Le monde à l’envers.

Le 16/10/2020 à 22h14

Un charlatan de Safi est devenu célèbre au sein de la corporation des hommes d’affaires dont certains ont eu recours à ses services dans le but de remporter des marchés publics. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition des samedi et dimanche 17 et 18 octobre, que les talismans de l’esbroufeur auraient permis à ces gestionnaires de gagner des appels d’offres. Ainsi, il a été conseillé à un promoteur immobilier ayant perdu plusieurs marchés publics d’essayer la recette magique du sorcier. L’homme, un gestionnaire diplômé qui ne croyait nullement au charlatanisme, a longtemps hésité avant de céder à l’envie de vaincre le signe indien pour aller solliciter les services du mage safiot.

Quelle ne fut pas sa surprise quand six mois après, il a remporté un appel d’offres juteux lancé par le ministère de l’Equipement. Depuis, il a mis de côté toutes ses connaissances de manager et ses convictions d’intellectuel pour ne croire que dans les amulettes de cet homme providentiel. A tel point que désormais, il consulte l’astrologue en herbe avant de répondre à un appel d’offres.

Le quotidien Assabah rapporte que les «recettes magiques» du spécialiste des marchés publics se sont ébruitées et que d’autres entrepreneurs ont commencé à faire le déplacement à Safi. La vie du charlatan, dont la réputation ne dépassait pas sa localité, s’est tellement transformée qu’il a décidé de s’installer à Casablanca pour être plus prêt des hommes d’affaires, dans une villa située dans un quartier cossu où il reçoit ses clients. Son affaire s’est tellement développée qu’il a embauché des courtiers chargés de lui trouver les dirigeants d’entreprises en difficulté.

Selon certaines sources, le montant de la séance chez le mage peut atteindre 100.000 dirhams, dont le quart doit être versé sur le champ, sachant que le reliquat sera payé après l’annonce du résultat de la transaction. Le sorcier a fait fortune en peu de temps, devenant propriétaire de plusieurs biens immobiliers et de terres agricoles dans son fief à Safi, sans compter les comptes bancaires. Voilà comment un homme illettré qui ignore tout du monde des affaires et des finances est devenu le messie du management auquel ont recours des entrepreneurs diplômés des grandes écoles internationales. Le monde à l’envers.

Par Hassan Benadad
Le 16/10/2020 à 22h14