Les subsahariens mieux lotis dans le sud du Maroc

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Un récent rapport dresse un état des lieux de la situation de la communauté subsaharienne vivant au sud du Maroc et révèle des conditions de vie plus clémentes que dans le nord du pays. Reader digest.

Le 21/10/2014 à 19h30

Les subsahariens du sud du Maroc s'en sortent mieux que ceux du nord. C'est ce qui ressort du dernier rapport élaboré par le GADEM (groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants) en partenariat avec des associations locales et maghrébines de défense des droits des étrangers et migrants. L'enquête, conduite en septembre dernier, souligne que les migrants subsahariens sont relativement mieux assimilés à la société et moins enclins à être victime d'actes discriminatoires dans le sud. Le rapport met en lumière des dysfonctionnements qui entravent la mise en oeuvre de la nouvelle politique migratoire adoptée par le Maroc, il y a un an, notamment dans le centre de détention de Laâyoune, qui n'est pas régi par l'administration pénitentiaire marocaine, et où les détentions peuvent se prolonger jusqu'à un mois.

Titres de séjours

Si les migrants peuvent atteindre le Maroc via la traversée de la frontière maroco-mauritannienne moyennant un visa de trois mois, une astreinte de taille se dresse dès qu'il s'agit pour eux de renouveler leur cachet d'entrée. Un retour aux frontières de 850 km depuis Laâyoune et 300 km depuis Dakhla leur est alors nécessaire, vers une zone qualifiée par le rapport de "no man's land" où les migrants subsahariens déclarent être obligés de "soudoyer" les agents pour pouvoir obtenir ce renouvellement. Toutefois, les bénéficiaires d'un droit de séjour longue durée restent rares. L'octroi est régi par des conditions strictes malgré le lancement de la campagne massive de régularisations. A titre d'exemple, sur la ville de Dakhla, seules 14 demandes ont reçu une réponse positive sur un ensemble de 488 dossiers.

Accès aux soins et au logementLes associations constatent que l'accès aux soins a été favorisé par la nouvelle politique migratoire, mais déplore le fait que les migrants ne jouissent pas au même titre que les Marocains de la couverture Ramed. L'extension de cette couverture médicale constitue d'ailleurs une des recommandations du rapport. Comparée à des pratiques répandues dans des villes comme Tanger, Rabat ou Casablanca, la communauté exprime sa satisfaction quant à l'accès au logement. A les croire, il est plus facile d'avoir un contrat de bail. Même son de cloche relatif à l'accès aux documents officiels pour lesquels les rapports avec les autorités marocaines sont décrits comme fluides.Généralement, les observateurs associatifs estiment que des actes à caractère raciste restent des épisodes isolés. La population locale ne voit pas d'un mauvais oeil la présence des migrants. Leur assimilation s'est faite naturellement, sans heurts. Cette approche pacifiste des populations du sud est à prendre en exemple, notamment à Tanger où la violence entre les locaux et la communauté subsaharienne a atteint son paroxisme avec l'assassinat d'un ressortissant sénégalais le 30 août dernier.

Par Asmaa El Kezit
Le 21/10/2014 à 19h30