Le gouvernement ponctionne les salaires des grévistes

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Revue de presseKiosque360. Après plusieurs semaines de grève, certains fonctionnaires passent à la caisse. Le gouvernement a procédé à des ponctions allant de 800 à 2.000 dirhams sur leur salaire du mois de mai.

Le 31/05/2019 à 20h32

Aïd ou pas, rien ne privera le gouvernement d’appliquer la loi. Les fonctionnaires grévistes viennent de l’apprendre à leurs dépens. Des milliers de fonctionnaires ont en effet été surpris de constater des ponctions sur leur salaire du mois de mai, portant sur un montant allant de 800 à 2.000 dirhams selon les cas, rapporte le quotidien Al Akhbar dans sa livraison du week-end des 1er et 2 juin. Et ce sont les fonctionnaires de l’Education nationale et du ministère de la Santé qui ont été essentiellement touchés.

La décision du gouvernement est une conséquence logique d’une série de grèves observée dernièrement par le personnel de ces deux départements. Dans certains cas, précise le quotidien, ces coupes, au demeurant inattendues par les personnes touchées, ont porté sur la moitié des salaires. C’est le cas notamment des enseignants classés échelle 9 qui ont suivi un mouvement de grève étalé sur presque un mois et qui ont vu leurs émoluments allégés de quelque 2.000 dirhams, soit exactement la moitié de leur salaire mensuel, de l’ordre de 4.000 dirhams.

Le quotidien prétend que ces ponctions opérées par le gouvernement sur les salaires des fonctionnaires grévistes ne sont pas légalement fondées, étant donné que la fameuse loi encadrant le droit d’exercice du droit de grève n’a pas encore été promulguée. Seul ce texte législatif pourrait définir, soutient le journal, les conditions et les procédures accompagnatrices de l’exercice de ce droit. Ce qui, faut-il le préciser, est un vieux débat, tout aussi infondé d’ailleurs.

Cela dit, citant Abderrazak El Idrissi, secrétaire national de la Fédération nationale de l’enseignement (syndicat affidé au parti d’extrême gauche d’Annahj), le quotidien rapporte que «la ponction sur les salaires des fonctionnaires grévistes a démarré avec le gouvernement Benkirane. Ce dernier a édité un décret en ce sens, considéré comme anticonstitutionnel, vu que la loi organique relative à la grève n’a pas encore été promulguée et que la Constitution confère aux fonctionnaires et salariés le droit de faire grève. Celle-ci ne doit pas par conséquent être assimilée à une absence pour être sanctionnée par une retenue sur les salaires».

D’après la même source, poursuit Al Akhbar, «alors que les fonctionnaires s’attendaient à la concrétisation de l’accord du 23 avril dernier, signé entre le gouvernement et les syndicats, et donc à une augmentation de leur salaire, ils ont été surpris par ces ponctions». Dans cette même logique, soutient le responsable syndical, repris par Al Akhbar, le principe selon lequel «un salaire doit être versé contre un travail effectué», mis en application par l’ancien gouvernement, serait «une violation flagrante de la Constitution» et «du droit des fonctionnaires à la grève».

Par Amyne Asmlal
Le 31/05/2019 à 20h32