Larache: la police auditionne des médecins pour désertion de poste

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Revue de presseKiosque360. Quatre médecins ont été auditionnés par le parquet de Larache sur la base d’une plainte déposée par le délégué provincial de la santé dans la province. Deux d'entre eux sont accusés de désertion de poste et les deux autres d'avoir délivré des certificats médicaux d’invalidité.

Le 16/08/2019 à 22h59

Le secteur de la santé dans la province de Larache est au cœur d’un scandale qui interpelle à plus d’un titre. Ce scandale a éclaté lorsque deux médecins gynécologues ont décidé de partir en congé sans l’aval du délégué provincial de la santé dans la ville qui avait refusé leur demande pour besoin de service. Pour s’en sortir, ces deux gynécologues ont déposé des certificats médicaux d’invalidité durant la période de leur absence, qui coïncidait avec les vacances d’Al Aïd Al Adha. Ces deux certificats ont été signés par deux médecins exerçant au sein du même hôpital provincial Lalla Meriem.

Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui rapporte cette information dans son édition du week-end des 17 et 18 août, l’absence des deux gynécologues a paralysé le service de maternité de l’hôpital, dans la mesure où une autre médecin gynécologue n’assure pas la permanence la nuit. Ce qui met en danger la vie des femmes enceintes devant accoucher audit service.

Cette situation a poussé le délégué provincial de la santé à envoyer une contre-visite à domicile aux deux gynécologues. Se rendant compte qu'ils n'étaient plus chez eux, le responsable provincial de la santé a immédiatement saisi le parquet de la ville les accusant de désertion de poste.

Le parquet de la ville a auditionné jeudi les quatre médecins, avant de renvoyer l’affaire à la police judiciaire de la ville pour approfondissement d’enquête, ajoutent les sources du quotidien. Cette affaire, qui a également attiré l’attention du quotidien Al Akhbar dans son édition du même week-end, a suscité une polémique au sein des syndicats de la santé et de la province. A ce propos, poursuit le quotidien, d’aucuns s’interrogent sur le fait que le responsable provincial de la santé a saisi la justice au lieu de porter l’affaire au ministère selon le circuit de la hiérarchie administrative.

La voie de la justice est saisie, expliquent des sources au quotidien, parce que des médecins spécialistes refusent d’assurer la permanence durant les jours fériés, ce qui met en danger la vie des patients. De plus, font remarquer les mêmes sources, les circuits administratifs demeurent lents et les commissions d’enquête n’arrivent souvent pas à la version réelle des faits en raison des surenchères syndicales et de la confrontation des versions des uns et des autres.

Enfin le quotidien précise que le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani a essuyé un échec cuisant dans la mise en œuvre d’une loi relative à la fonction publique, notamment pour cadrer cette question des certificats médicaux de complaisance et instaurer le principe de lier la responsabilité à la reddition des comptes.

Par Mohamed Younsi
Le 16/08/2019 à 22h59