La grève générale "s’invite" dans les mosquées!

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Revue de presseKiosque360. Des tracts syndicaux, appelant à se joindre à la grève générale prévue ce mardi 23 septembre, circulaient au nez et à la barbe du commun des imams. Alerte.

Le 23/09/2014 à 06h09

Si la loi interdit formellement tout prosélytisme à caractère politique ou syndical dans les mosquées, certains ne l'entendent souvent pas de cette oreille. C’est en tout cas un constat qui ressort d’un article à paraître, ce mardi 23 septembre, en Une du quotidien Assabah, sous ce titre révélateur : "Les syndicats portent leur combat pour la grève générale au cœur des mosquées". "Des syndicats n’ont pas hésité à investir les lieux de culte pour distribuer des tracts appelant les prieurs à s’associer, en masse, à la grève nationale" prévue aujourd’hui, dévoile la publication, en pointant l’Union générale des travailleurs marocains (UGTM) et la Fédération démocratique du travail (FDT). "Les prieurs ont eu la surprise de voir s’infiltrer, le week-end dernier, nombre de militants syndicaux pour distribuer des tracts et surtout des paroles incendiaires contre un supposé tsunami gouvernemental qui risque d’en finir avec tous les acquis sociaux", fait remarquer Assabah, qui se demande ce que venaient faire des "prêches" anti-gouvernementaux dans des mosquées censées être des lieux de prière et de recueillement. Une pratique qui risque de relancer la polémique déclenchée, pas plus tard que juillet dernier, autour de l’instrumentalisation des mosquées à des fins politiciennes et électoralistes. Rappelons qu’un décret de loi avait déjà été promulgué par Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des affaires islamiques, interdisant à tout préposé religieux d’adopter un discours à visée politique ou syndicale. Une visée décriée qui plus est au sein du champ syndical même.

L’UMT dit Non à la politisation de la grève

Revenant sur les raisons derrière le boycott par l’UMT de la grève générale de l’UGTM et de la FDT, Akhbar Al Yaoum rapporte, dans un article à paraître dans sa livraison de ce mardi 23 septembre, une déclaration hautement significative de Miloudi Moukharik. "L’UMT demeure attachée à son indépendance, ses décisions sont inspirées de la légitimité des revendications des travailleurs et elles ne sauraient être instrumentaliséss à des fins politiciennes", explique le patron du syndicat de feu Mahjoub Benseddik. Pour rappel, l’UMT avait réuni, dimanche, son conseil national à son siège à Casablanca, pour statuer sur sa participation ou non à la grève générale, annoncée en début septembre par l’UGTM (bras syndical du Parti de l’Istiqlal) et la FDT (proche de l’USFP). A l’issue d’un débat houleux, une décision de boycott avait été prise à l’unanimité des membres du Conseil national. Par ailleurs, le "parlement" de l’UMT a donné son feu vert au bureau exécutif pour monter l’escalade contre le gouvernement afin de l’amener à renoncer à sa politique antisociale. Dans une sortie tonitruante, le numéro un de l’UMT avait annoncé envisager une nouvelle grève générale ainsi qu’une série de débrayages prévus à des niveaux sectoriels.

Dans ce contexte social extrêmement tendu, le gouvernement Benkirane aurait tenté, lundi, un geste d’apaisement. "Le gouvernement se prépare à faire un cadeau aux syndicats", annonce Akhbar Al Yaoum, sans toutefois préciser la nature de ce cadeau. A en croire le quotidien, cette initiative viserait à faire passer la "pilule" du projet de réforme du système de retraites. En d’autres termes, ce serait un nouveau "cadeau empoisonné".

Par Ziad Alami
Le 23/09/2014 à 06h09