"I have a dream" : Le rêve toujours vivant

Marche du samedi 24 août à Washington

Marche du samedi 24 août à Washington . DR

Ce mercredi 28 août marque la date du mémorable discours de Martin Luther King, "I have a dream". Le monde rend hommage à ce grand défenseur des droits civiques pour le 50ème anniversaire de ce «rêve».

Le 25/08/2013 à 15h23, mis à jour le 28/08/2013 à 13h38

Aujourd'hui mercredi 28 août, le monde rend hommage à ce grand défenseur des droits civiques qu'était Martin Luther King pour le 50ème anniversaire de ce "rêve" exprimé avec autant de ferveur que d’émotion, de vibrante tristesse que d’indéfectible espoir, par le pasteur qui s’était adressé, en 1963, sur les marches du Lincoln Memorial à Washington, à une foule rassemblée autour de lui pour une marche qui aura réuni plus de 250.000 personnes.

Les américains n’auront cependant pas attendu le 28 août pour célébrer cette grande figure de leur histoire et ont déjà entamé, samedi 24 août, des marches rappelant celle de 1963 pour, d’une part, honorer le courage et la lutte menée par ce grand révolutionnaire qui n’a cessé d’œuvrer pour l’égalité tout en prônant la non-violence et, d’autre part, faire le bilan quant à ce "rêve" que d’aucuns estiment bien loin d’être atteint. En effet, les orateurs qui se succèdent depuis samedi sur cette même tribune du Lincoln Memorial, déplorent pour la plupart la persistance des inégalités raciales, malgré toutes les luttes menées jusqu’ici par plusieurs grands hommes et femmes qui ont, au péril de leur vie, défendu la justice sociale, dénoncé la violence et l’aberration des pratiques discriminatoires, agi pour les droits de chacun à la dignité. Des hommes et des femmes comme Martin Luther, Malcolm X, Rosa Parks…

Le rêve est loin d'être réalisé

Depuis un demi-siècle, des progrès ont certes été accomplis, si l’on peut parler de "progrès" quand le retour à un semblant d’humanité et de "normalité" semble devoir faire figure de "progrès" après force persécutions et innommable quadrillage de l’espace social. Mais force est de constater que le "rêve" reste loin d’être réalisé, relèvent les intervenants. L’époque des lynchages, des humiliations et discriminations manifestes est révolue. Reste que les lois sont manifestement impuissantes à contrecarrer les mentalités : les Noirs restent victimes de discrimination, notamment sur le marché de l’emploi. Et les violences, si elles ne sont plus de l’ordre de la haine et de l’hystérie publiques, portent encore atteinte aux Afro-américains. La mère de Trayvon Martin, un jeune Noir abattu par un vigile acquitté, a ainsi déclaré : "Trayvon était mon fils. Mais il n’est pas que mon fils. Il est le fils de nous tous et nous devons nous battre pour nos enfants. Il est très important de ne pas oublier de veiller au respect de nos lois". Outre ce type de tragédies auxquels sont plus exposés les "coupables" de "délit de peau noire", les orateurs ont soulevé les questions des droits de vote, des droits des femmes, de la violence armée et de la réforme de l’immigration.

Cette journée du 28 août, date officielle du discours de Martin Luther King, marquera l’apogée de ces commémorations. Jimmy Carter, Bill Clinton et Barack Obama seront présents pour le 50ème anniversaire d’un des plus sincères, des plus saisissants et des plus poignants de tous les "rêves". Jimmy Carter, qui a pratiquement été limogé pour son indignation contre Israël et sa revendication des droits bafoués des Palestiniens, a peut-être une place légitime dans cette commémoration et les revendications qu’elle remet au-devant de la scène, en soulevant les indignités qui persistent.

Pour le reste, il serait temps pour certains de cesser de récupérer des figures emblématiques de la lutte contre les discriminations pour les reprendre à leur compte. Nelson Mandela a déjà été enterré plusieurs fois, entre autres par le président Obama qui semble être devenu un grand spécialiste de la récupération des véritables héros de la lutte anti-apartheid, quelque visage que puisse prendre cet "apartheid" qui en l’occurrence continue de sévir dans son pays. Et, où que nous vivions et d’où que nous soyons, tout ceci ne peut manquer, espérons-le, de faire réfléchir chacun de nous. En espérant que chacun sera plus attentif à ce qui se passe autour de lui; en espérant que les lois garde-fou qui prennent le relai des consciences s’érigeront en valeurs humaines par-delà leur rôle dissuasif, en espérant…

Par Bouthaina Azami
Le 25/08/2013 à 15h23, mis à jour le 28/08/2013 à 13h38