Hausse du prix des manuels scolaires: une question non encore tranchée, réaffirme Nadia Fettah

Des élèves suivent un cours dans la salle de classe d'une école de Taza, le 2 juin 2021.

Des élèves suivent un cours dans la salle de classe d'une école de Taza, le 2 juin 2021. . MAP

A tout juste trois mois de la rentrée scolaire, le débat sur la hausse du prix des manuels scolaires fait polémique. Le gouvernement continue d’affirmer que la question n’a pas encore été tranchée et que des discussions sont toujours en cours. Voici les clarifications à ce propos de la ministre de l'Economie et des finances.

Le 09/06/2022 à 09h04

Nadia Fettah a affirmé que les manuels concernés par une éventuelle hausse des prix sur proposition des éditeurs étaient ceux des niveaux primaire et collégial, et que 70% de ces manuels étaient financés par l'Etat dans le cadre de l'initiative royale «Un million de cartables», lancée en 2009, et qui bénéficie à plus de 4,5 millions d’élèves et dont le coût s’élève à 250 millions de dirhams. La ministre de l'Economie et des finances a également précisé que toute augmentation sera logiquement supportée dans le cadre du budget alloué à ce projet social et a donc réaffirmé que jusqu’à présent, aucune décision n’avait encore été prise à ce propos. 

Cette clarification, lue par le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mehdi Bensaïd, au nom de la ministre, aux membres de la Chambre des conseillers, intervient alors que le gouvernement étudie toujours une demande qui lui a été formulée par les éditeurs, concernant une hausse de 25% du prix des manuels scolaires.

Nadia Fettah Alaoui a rappelé qu’une réunion avait été précédemment tenue entre les membres du Comité interministériel de suivi et de contrôle des prix, que préside le ministère de l'Économie et des Finances, et ceux de l'Association des éditeurs. Une réunion au cours de laquelle ces professionnels avaient sollicité une augmentation du prix des manuels scolaires, à cause de la hausse du prix du papier et du coût de l'impression, de l'ordre de 110%.

La ministre de l’Economie a également indiqué que la proposition des éditeurs ne concernait que 186 sur 391 manuels et que toute décision à ce propos sera prise en considération de la conjoncture économique et sociale actuelle, et selon le pouvoir d'achat des familles.

Le ministre de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, avait, pour sa part, insisté le lundi 6 juin dernier, sur l'importance de déployer des efforts pour réduire les marges de bénéfices et le coût de production des manuels scolaires, ajoutant que les imprimeurs doivent fournir un effort pour que ces coûts soient maintenus aux niveaux en vigueur à l'échelle internationale et pour que les éditeurs n'assument pas cette flambée des prix.

Il avait également fait savoir que le gouvernement examinait cette demande des éditeurs nationaux, tout en tenant compte de l'augmentation des prix du papier sur le marché mondial.

Ali Fannach, vice-président de la Fédération nationale des parents d'élèves au Maroc (FNAPEM), a souligné, interrogé par Le360, que si cette hausse venait à être actée, elle pourrait compromettre l’intérêt des élèves et des familles, dont le pouvoir d’achat a été miné par la flambée du prix de plusieurs produits de grande consommation. Il a aussi évoqué le fait que cette décision irait à l’encontre des priorités qui ont été fixées par le gouvernement, et tout particulièrement en ce qui concerne le volet de l’éducation.

Pour le vice-président de la FNAPEM, le gouvernement peut trouver des solutions pour éviter toute hausse du prix des manuels, notamment en proposant des mesures incitatives en faveur des éditeurs. Ali Fannach a aussi précisé qu'au cours d’une réunion qu’a récemment tenue le bureau national de la fédération, la FNAPEM a appelé à ce qu’une aucune hausse ne soit appliquée, pour préserver l’intérêt des familles, qui sont obligées à dépenser à la rentrée scolaire en moyenne 500 dirhams par élève. 

Les éditeurs affirment, eux, que les prix de vente actuels ne leur laissent aucune marge bénéficiaire, et tiennent à rappeler que le Maroc importe toutes les matières premières nécessaires à leur fabrication, dont les plaques l’encre ou encore le papier pour l'imprimerie.

Ils signalent aussi que les imprimeurs sont confrontés à des difficultés logistiques mondiales et qu’ils vivent dans une incertitude permanente, en ce qui concerne la livraison de ces intrants, tout particulièrement à l’approche de la rentrée scolaire.

Par Hajar Kharroubi
Le 09/06/2022 à 09h04