Grogne des malvoyants contre la ministre Hakkaoui

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Revue de presseKiosqueLe360. La ministre de la famille et de la solidarité se trouve, encore une fois, confrontée à la colère des diplômés malvoyants qui réclament leur droit au travail. Après le décès de l’un des leurs en tombant du toit du ministère, ils menacent de recourir, incessamment, à un suicide collectif

Le 27/02/2019 à 21h38

Décidément la ministre de la Famille et de la solidarité, Bassima Hakkaoui, a du mal à gérer son département. Outre le manque de transparence dans les nominations des hauts cadres, la dirigeante islamiste s’avoue vaincue face à son incapacité à trouver des emplois aux malvoyants dont le drame a dépassé nos frontières.

En effet, quatre mois après la mort de l’un de ses membres en tombant du toit du ministère, la coordination des diplômés chômeurs malvoyants revient à la charge en menaçant de recourir à un suicide collectif. Dans une lettre adressée, mardi dernier, au gouvernement, aux parlementaires et aux politiques, l’association indique qu’elle a décidé de recourir à ce sacrifice car «le gouvernement n’a pas tenu ses promesses envers cette catégorie de diplômés depuis le début de son mandat». Voire poursuit la lettre: «Le gouvernement a montré qu’il n’était pas disposé à trouver des solutions à nos doléances si l’on croit les propos du ministre de la Famille et de la solidarité lors de notre rencontre du 19 février. Bassima Hakkaoui nous a tout simplement déclarés qu’elle a tout fait en matière de recours légaux mais, a-t-elle ajouté, les autres secteurs ministériels n’ont affiché aucun intérêt à s’associer à mon entreprise. Autant dire, poursuit-elle, que le gouvernement ne fera donc pas plus que ce qui a déjà été fait».

Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du jeudi 28 février, les propos d’un membre de la coordination des diplômés chômeurs malvoyants qui affirme que «les malvoyants ont décidé de se sacrifier, d’une manière collective, dans les jours à venir. Ils espèrent que leur ultime acte ne soit pas inutile pour les générations futures afin que leurs conditions de vie soient améliorées dans ce pays.» Et de poursuivre: «Face à la passivité du gouvernement, nous avons tout essayé depuis 2011 pour que l’on préserve notre dignité en revendiquant notre droit au travail. Nous avons organisé plusieurs sit-in dont celui qui a connu la mort du martyre, Saber El Haloui, qui est tombé du haut du toit du ministère de la Famille, de la solidarité, de l’égalité et du développement social. Mais même le décès tragique de l’un des nôtres n’a pas fait bouger ce gouvernement qui est resté honteusement impassible».

Le ministère de la fonction publique avait publié, en décembre dernier, les résultats du concours pour le recrutement de 60 agents réservés aux personnes en situation de handicap. Mais la coordination des malvoyants a refusé cette offre en demeurant attachée au recrutement direct. Elle considère que ce concours n’est qu’un «leurre afin de calmer les esprits pour geler, momentanément, la problématique de recrutement des personnes diplômées en situation de handicap.»

Outre son incapacité à résoudre la problématique de recrutement des diplômés malvoyants, la ministre Bassima Hakkaoui se trouve confrontée, de nouveau, à celle des nomination au sein de l’Agence de développement social (ADS). C’est ce que révèle le quotidien Assabah, dans son édition du jeudi 28 février, en évoquant l’élimination d’un ingénieur candidat au poste de directeur de l’ADS. Certaines sources accusent la ministre de privilégier les relations et l’appartenance politique dans les nominations aux postes à responsabilité, au lieu de se baser sur la compétence et l’expérience. Les mêmes sources affirment qu’après avoir accepté le dossier de l’ingénieur affilié au MP (Mouvement Populaire), le ministère a décidé, en catimini, de le priver de passer devant la commission chargée du recrutement. La ministre Hakkaoui a, à l’instar de ses collègues, choisi de garder au secret le choix du nouveau directeur jusqu’à ce qu’il soit annoncé lors d’un prochain conseil de gouvernement.

Dans un entretien téléphonique avec Assabah, l’ingénieur Hassan Mardi, a affirmé qu'il a été surpris par son élimination puisque sa candidature répond à tous les critères requis. Et d’ajouter: «J’ai l’expérience et la compétence qui me qualifient pour diriger un établissement social comme celui de la solidarité nationale et ce loin de toute considération partisane ou syndicale». Le ministère a éliminé le dossier de ce candidat en faisant fi du décret relatif à la nomination aux postes à responsabilité. Voire, il n’a même pas révélé les noms des membres de la commission ainsi que ceux des candidats retenus.

Selon des sources syndicales, le dossier des nominations dévoile l’anarchie que connaît l’établissement de la solidarité nationale qui souffre de dysfonctionnements dans la gestion administrative et financière.

Par Hassan Benadad
Le 27/02/2019 à 21h38