Fin de cavale pour le plus dangereux des Marocains de Daach

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Revue de presseKiosque360. Le tristement célèbre Ahmed Chaâra, l’un des Marocains de Daach les plus recherchés au monde, est enfin entre les mains des services marocains.

Le 20/08/2014 à 09h57

Sa cavale n’aura finalement été que de courte durée. Ahmed Chaâra, tristement célèbre pour ses faits d’horreur en Syrie, où il est parti il y a un an et des poussières combattre sous la sinistre bannière de Daach le régime du timonier Bachar Al Assad, est entre les mains des services nationaux. Cette "prise" précieuse, annoncée par le quotidien Akhbar Al Yaoum, dans son édition du mercredi 20 août, est intervenue suite à une mission de filature menée dernièrement à la frontière syro-turque, où le jihadiste au pedigree sanguinaire bien garni, a été "entraîné" par les services secrets marocains en collaboration avec leurs homologues franco-turcs. Après un passage à Ankara où il a été entendu, puis un détour par Paris pour les besoins de l’enquête, le djihadiste a été extradé vers son pays d’origine, le Maroc. "Cette extradition aurait eu lieu six mois après que Chaâra ait fait rapatrier son fils parti combattre à ses côtés le régime "impie" du satrape de Damas, Bachar Al Assad, d’après Akhbar Al Yaoum, qui précise que la nouvelle lui aurait été confirmée par un membre de la famille Chaâra. "Nous avons été bel et bien informés de cette extradition par des éléments de la Police judiciaire de Casablanca", aurait certifié la famille, en affirmant ne pas savoir vers quelle destination aurait été conduit leur proche parent, ni quel sort sera réservé à son fils, Oussama. "Vont-ils être déférés devant le tribunal antiterroriste de Salé ou être maintenus sine die au siège de la Brigade nationale de la oolice judiciaire à Casablanca?", s’interroge-t-elle.

Qui est Ahmed Chaâra ?

"Fiché comme l’une des figures marquantes du courant salafiste, fort implanté dans le quartier Béni Mekada, à Tanger, où il se livrait au trafic de cigarettes et d’objets volés, Ahmed Chaâra s’est rendu en Syrie en mai 2013, via les Pays-Bas, puis la Turquie", rapporte Akhbar Al Yaoum. La tentation du jihad était alors aussi forte que les tueries faisaient rage en Syrie. Approché par les recruteurs de Marocains désireux de faire la "guerre sainte" (jihad) au régime de Bachar Al Assad, Chaâra aurait vite succombé à la tentation et, sans tergiverser, pris la décision de rallier, dans un premier temps (6 mois), le Front Al Nosra, avant de dévier vers une autre mouvance qui a de loin surpassé la "Jabha" de Joulani en atrocité souvent exercée sur des civils innocents. Après s’être fait remarquer par Abou Bakr Al Baghdadi, devenu "calife" de l’Etat islamique, Chaâra, qui a rajouté quelques "palmes d’horreur à son sinistre tableau de chasse, sera aussitôt promu au grade d’"émir", un poste de commandement tant convoité par les jihadistes de Daach. Seulement voilà, le déchaînement des luttes inter-jihadistes poussera l’émir à vite déchanter, autant que ses compatriotes, au total 1.122 individus, selon les chiffres dévoilés par le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad. Une désillusion que le plus connu des jihadistes marocains n’a pas manqué d’exprimer, lors d’une précédente apparition sur France 24, la chaîne française diffusant en arabe. "Désabusés, les Marocains de Daach veulent maintenant rentrer chez eux", avait confié Chaâra. Pris entre le marteau de la peur d’être considérés comme des traîtres par Daach et l’enclume d’être arrêtés par les services marocains, ces Marocains dévoyés ne savaient pratiquement plus à quel saint se vouer. Seule issue entrevue, un voyage vers une Libye déjà à feu et à sang. Une expectative d’autant plus préoccupante que la menace à laquelle le Maroc fait sérieusement face pourrait provenir de la Libye.

Le Maroc dans l’œil du cyclone daéchien

"Face au renforcement du dispositif sécuritaire national, le mouvement terroriste d’Abou Bakr Al Baghdadi parie sur les cellules dormantes pour poser un pied au Maroc", avertit de son côté le quotidien Al Ahdath Al Maghribiya. A en croire ce support, Daach aurait débloqué un budget énorme dans la perspective d’une remise en forme des cellules dormantes au Maroc, et bien au-delà. Pour rappel, le maître auto-désigné de l’Etat islamique avait clairement manifesté son vœu de porter le jihad au cœur du "Maghrib Al Aqsa" (englobant les cinq pays du Maghreb). Cette projection de puissance terroriste trouve son explication dans l’enrichissement impressionnant de cette hydre terroriste, après sa conquête spectaculaire de la ville de Moussol, entre autres villes irakiennes. "Une fortune se comptant en plusieurs milliards de dollars aurait été amassée, qui permettra à ce mouvement de verser, pendant 1 an, des salaires généreux à ses 60.000 combattants, alors que le reste sera consacré au financement des activités des cellules dormantes", croit savoir "Al Ahdath. Devant cette situation, les services de sécurité du pourtour méditerranéen sont à pied d’œuvre pour stopper la progression de Daach. Aux dernières nouvelles, des manœuvres conjointes entre les pays riverains seraient en cours dans le bassin méditerranéen. Une mobilisation généralisée face à la menace d’un potentiel 11 septembre bis imminent.

Par Ziad Alami
Le 20/08/2014 à 09h57