Exclusif. Tout sur la nouvelle cellule terroriste démantelée ce dimanche

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Si c’est le nouveau Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) qui a annoncé la neutralisation des membres de ce réseau, les opérations de surveillance de ces derniers ont démarré depuis quelques mois déjà. Les détails d’un large coup de filet qui a permis d’éviter le pire.

Le 22/03/2015 à 18h03

Le hasard a voulu qu’au lendemain de la mise en place du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), la traque à l'une des plus dangereuses présumées cellules terroristes a pris fin. Les responsables de ce nouveau Bureau, redéployés à partir d’autres services où ils ont accumulé une longue expérience en matière de lutte anti-terrorisme, suivaient eux-mêmes les opérations de surveillance, qui ont démarré plusieurs mois déjà, de ce réseau tentaculaire.

Au matin de ce dimanche 22 mars, les responsables sécuritaires ont jugé qu’il était temps de passer à l’action pour neutraliser ces individus qui s’apprêtaient à commettre des enlèvements, des assassinats et des actes de sabotage. Ainsi, dans neuf villes du royaume, des équipes ont été mobilisées pour des interpellations simultanées, coordonnées par le BCIJ. Et le coup de filet a été parfait: les onze présumés terroristes identifiés ont été interpellés à Agadir, Tanger, Laayoune, Boujaad, Tiflet, Marrakech, Taroudant, Ain Harouda et Laayoune orientale.

Les membres de cette cellule affichaient, comme une bonne partie des cellules démantelées ces derniers mois, une allégeance inconditionnelle à Abou Bakr Al Baghdadi, pseudo-calife du chimérique "Etat islamique". Ils étaient également actifs dans l’enrôlement et le convoyage des volontaires au «jihad» dans la zone syro-irakienne, avec un soutien financier en provenance de chefs de guerre de Daech, établis à l’étranger. Sauf que ce réseau ne s’arrêtait pas à ce genre d’actions «classiques». «Cette cellule se positionnait comme un relais agissant de "l’Etat islamique" au royaume, où elle visait à mettre en application l’agenda barbare de cette organisation. Elle portait un projet terroriste de grande envergure qui prévoyait une équipée déstabilisatrice forte dans la dimension et la symbolique», confie une source sécuritaire à Le 360.

Le communiqué du ministère de l’Intérieur, relayé ce dimanche 22 mars, par la MAP évoque en effet la découverte d’une cache d’armes à Agadir où des armes à feu et une grande quantité de munitions ont été découverts. C’est que le réseau terroriste prévoyait l'assassinat de personnalités politiques, militaires et civiles. Le plan démoniaque de cette cellule est encore plus élaboré. Selon notre source, «ce réseau prévoyait de perpétrer des attentats contre des sites névralgiques, à la voiture piégée et au moyen d'engins explosifs». Le chef de file de cette cellule passait pour maître, en matière de confection des explosifs et de poisons. Un «savoir faire» qu’il a acquis sur des sites salafistes spécialisés…

Le plan d’action avorté de cette structure terroriste envisageait également l’enlèvement des éléments de «Hadar» pour le double objectif de se saisir de leurs armes (et renforcer ainsi leur arsenal) mais aussi de parodier l’exécution sommaire des coptes égyptiens en Libye. Pour échafauder ce plan, «les membres de cette structure ont mis à contribution des relais basés au Préside de Mellilia pour se procurer des armes a feu qui ont pu être saisies», nous précise nos sources. Le mimétisme des actions barbares de Daech devait aussi prendre la forme d’actes de sabotage visant les marabouts, dont notamment des mausolées implantés dans la province de Bejaâd. Un projet qui s’inspire des séquences de destruction des sites archéologiques en Irak par les combattants de «l’Etat islamique».

Cette opération de démantèlement intervient moins d’une semaine après les attentats sanguinaires du musée Bardo, dans la capitale tunisienne. «Effectivement, cette attaque terroriste a précipité l’opération de démantèlement et nous a poussé à passer à l’action», assure à Le360 une source proche de l’enquête. Mais surtout, le nouveau modus operandi envisagé de cette cellule terroriste démantelée, confirme les élans expansionnistes de «l’Etat islamique» qui a déjà réussi à s’enraciner en Libye, à ouvrir des brèches en Algérie et ne cesse de tenter une implantation au royaume. Le BCIJ, nouvelle aile de lutte contre le terrorisme du royaume, a réussi là une belle opération préventive. Mais il a encore du pain sur la planche avec la recrudescence des menaces…

Par Ziad Alami
Le 22/03/2015 à 18h03