Emouvants adieux à «un agent d’autorité à la radio»

Abderrahmane Achour.

Abderrahmane Achour. . DR

Revue de presseKiosque360. Une demi-heure après le démarrage d’une séance de présentation de son livre, la nouvelle du décès d’Abderrahmane Achour est tombée. La rencontre s’est transformée en un hommage posthume, une sorte de «prière de l’absent».

Le 15/02/2019 à 20h05

La présentation du livre d’Abderrahmane Achour, «Un agent d’autorité à la radio», au stand de la SNRT au salon du livre de Casablanca, devait être l’occasion de passer en revue une époque où ce dernier dirigeait la radio nationale. Plusieurs invités, dont certains ont travaillé sous ses ordres, étaient là pour témoigner de ces longues années passées à la tête de la Radio nationale, à une étape cruciale de l’histoire récente du Royaume, entre 1986 et 2003. Mais le destin en a décidé autrement.

En effet, relate Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du week-end des 16 et 17 février, une demi-heure à peine après le démarrage de la présentation du livre, l’annonce du décès de l’auteur est tombée comme un couperet. La conférence s’est transformée en un émouvant hommage à cet «homme de la radio malgré lui». Ceux qui l’ont côtoyé ont affirmé que contrairement à toute attente, Achour n’a pas tardé à prouver qu’il n’était pas là pour imposer une vision d’homme d’autorité à la radio.

Le gouverneur, haut fonctionnaire du puissant ministère de l’Intérieur alors sous l’autorité de Driss Basri, a tout de suite compris que «le domaine de l’information est réservé aux seuls professionnels de l’information», écrit le journal. D’après le témoignage de ceux qui ont travaillé avec lui, il ne s’est jamais immiscé dans le travail propre des journalistes, les questionnant sur le contenu et l’aspect technique de leur travail. Ce qui lui valu l’estime, même longtemps après son départ, de tous ceux qui ont travaillé à la radio nationale.

Malgré son caractère solennel, la rencontre n’a pas manqué d’anecdotes, comme lorsque le défunt ne savait quoi faire lorsque le ministre Driss Basri l’a chargé de trouver un commentateur «impartial» pour un match opposant la Renaissance de Settat, sa ville, au Kawkab de Marrakech, dirigé alors par l’ancien chef de la sécurité royale. Et comme il fallait en même temps que le profil recherché connaisse par cœur les noms des joueurs, on imagine l’embarra de feu Achour, écrit le journal.

En définitive, conclut un autre intervenant, alors que tout le monde s’attendait à ce que l’autorité impose son ascendant sur l’information, c’est tout à fait le contraire qui s’est produit. Feu Abderrahmane Achour a fini en effet par incarner cette influence du domaine de l’information sur l’autorité. C’est pour dire, commente le quotidien Assabah dans son édition du week-end, que cette séance de présentation du livre d’Achour s’est transformée en une véritable «prière de l’absent» pour le salut de son âme. L’auteur, alité depuis plusieurs mois, ne devait d’ailleurs pas être présent à cette rencontre en raison justement de son état de santé. 

Néanmoins, son passage à la radio nationale a marqué toute une génération, lui qui n’y était pas préparé et, comme il l’évoque dans son livre, n’a appris sa nouvelle affectation qu’au moment même de sa nomination. Il a dirigé la radio nationale, écrit le quotidien Assabah, à une époque où le naguère puissant ministre de l’Intérieur avait décidé de joindre le département de l’information à son ministère. Et il s’est ensuite appliqué à placer ses hommes à la tête des établissements qui relèvent de ce département. 

Par Amyne Asmlal
Le 15/02/2019 à 20h05