Des médecins et des laboratoires impliqués dans le commerce de données personnelles de malades

DR

Revue de presseKiosque360. Le ministère de la Santé a diligenté une enquête sur des médecins et des laboratoires qui fournissent les données personnelles de leurs patients à des sociétés pharmaceutiques. Ces dernières les contactent pour les inciter à acheter des médicaments contre le cancer ou l’hépatite.

Le 14/04/2019 à 22h29

Selon certaines sources, le ministère de la Santé enquête sur des relations d’intérêt douteuses entre des laboratoires d’analyses médicales, des médecins et des sociétés pharmaceutiques. Les deux premières entités fournissent à la troisième des données personnelles sur les malades qui sont soit des clients, soit des patients.

Le département de la Santé a reçu des plaintes de victimes par le biais des associations de protection du consommateur. Ces dernières révèlent que certains médecins remplissent des formulaires contenant des données personnelles sur leurs patients. Ces praticiens notent le nom, le sexe et l’âge du malade ainsi que l’adresse et son numéro de téléphone. Toutes ces données personnelles sont transmises aux laboratoires pharmaceutiques moyennant des avantages en nature ou en argent allant de 200 à 300 dirhams le formulaire. Les responsables dudit laboratoire contactent alors le malade sur son téléphone personnel pour s’assurer qu’il achète le médicament qu’ils produisent et éviter, ainsi, qu’il utilise le médicament concurrent.

Les mêmes sources révèlent que des laboratoires d’analyses médicales sont aussi impliqués dans des relations commerciales douteuses avec des sociétés pharmaceutiques. Ces dernières leur fournissent gratuitement des techniques d’analyse pour le dépistage de l’hépatite (technique Elisa). En contrepartie, les laboratoires d’analyses biologiques doivent leur transmettre toutes les données personnelles des patients atteints d’hépatite.

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 15 avril, que les délégués médicaux de ces sociétés contactent directement les malades pour les inciter à utiliser en exclusivité les médicaments qu’ils fabriquent. Il faut souligner que les médicaments pour soigner l’hépatite sont très chers et que le traitement de cette maladie coûte 110 000 dirhams annuellement.

D’un autre côté, les laboratoires pharmaceutiques font appel à des gens qui travaillent dans le domaine médical ou paramédical pour lister les malades de cancer. Ces «courtiers» fréquentent assidument les pavillons d’oncologie dans des hôpitaux pour prendre contact avec les malades directement après la détection de leur cancer. Ils profitent de leur état de choc pour les aborder et leur conseiller des médicaments bien précis. Ils peuvent aussi les orienter vers des cancérologues dits «réputés» qui sont, en vérité, en liaison avec les laboratoires pharmaceutiques.

Les sources du quotidien Assabah indiquent que le ministère de la Santé diligente des investigations avec l’aide des services de police compétents pour démanteler ces réseaux. D’autant qu’ils s’activent dans des maladies dont le traitement nécessite des sommes conséquentes.

Il faut rappeler que le ministère de la Santé a reçu des plaintes en provenance d’associations de protection des consommateurs. Ces dernières ont été de leur côté contactées par des malades ou leur famille qui se plaignent des laboratoires pharmaceutiques qui les importunent en leur demandant d’utiliser les médicaments qu’ils produisent.

Par Hassan Benadad
Le 14/04/2019 à 22h29