Des gosses de riches s'attaquent à des gendarmes

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Revue de presseKiosque360. La commune d'El Harhoura a été le théâtre d'un accident de la route impliquant cinq jeunes gens. Ces derniers se sont même attaqués à un gendarme.

Le 06/05/2014 à 06h56

La question du manque de civisme et du sentiment d’impunité dont sont habités certains automobilistes n’a pas manqué d’être soulevée durant l’année meurtrière que fut, sur les routes marocaines, l’année 2013. Il semblerait cependant que certains citoyens, qui portent d’ailleurs bien mal ce qualificatif renvoyant à autant de droits que de devoirs, continuent de se croire au-dessus des lois qu’ils n’hésitent pas à violer impunément. Al Massae nous rapporte ainsi, dans son édition à paraître ce mardi 6 mai, l’histoire d’une véritable et inquiétante saga qui s’est déroulée récemment dans la région d’El Harhoura, dans la périphérie de Rabat, théâtre d’un accident de la route aggravé par l’incivisme des responsables. Cinq jeunes gens de familles aisées, dont l’un, rapporte le journal, est le fils d’un haut fonctionnaire de la gendarmerie. Quatre garçons et une jeune fille à bord d’une voiture de luxe qui, roulant à grande vitesse, a fini par déraper, causant sur son passage un enchaînement de drames dont la principale et première victime a été une femme, percutée et blessée par le véhicule. Une piétonne qui a dû être hospitalisée et que la voiture en question a renversée avant de heurter un poteau électrique et d’aller, enfin, s’échouer contre la façade d’une villa. Pire, suite à cela, les cinq compères ont pris, à pieds, la poudre d’escampette, se rendant coupables d’un délit de plus et non des moins scandaleux: le délit de fuite, qui fait aussi par trop de victimes laissées à l’abandon sur la route.

Un effet boule de neige aux goûts de… cocaïne! Une histoire à multiples rebondissements, et c’est peu dire. En effet, nous apprend encore Al Massae, l’un de ces "évadés" destinés, manifestement, à ne jamais voir Alcatraz, a été arrêté dans sa course par un membre de la gendarmerie royale. Mal lui en a pris? Une chose est sûre : il n’en gardera pas un bon souvenir. Alors qu’il questionnait le fuyard, le gendarme a soudain été violemment pris à partie par un automobiliste qui, après avoir rangé sur le côté sa non moins luxueuse voiture, où ils transportaient avec lui ses parents, a claqué la portière pour lui demander ce qu’il voulait à ce jeune homme. Et lui et les siens d’entreprendre de le menacer et l’insulter. "Je vais vous éduquer!", lui auraient-il ainsi lancé. Et, les mots promettant "d’envoyer en enfer" le gendarme en question n’ayant manifestement pas suffi, l’automobiliste a cédé à la violence, allant jusqu’à frapper l’agent sous les yeux de la foule, estomaquée, qui s’était formée là.

A en croire Al Khabar, cet "incident" n’aura pas été le dernier à nourrir les multiples boules de neige qui ont créé l’avalanche. Une avalanche dont le dernier spasme expire des relents de… cocaïne! Les gendarmes, rabroués de partout et harcelés de coups de fils de personnalités et parlementaires auraient, selon le quotidien, trouvé de la drogue dans la voiture où circulaient les jeunes gens à l’origine de ce scandale. Et les par trop nombreuses, insistantes et intimidantes interventions destinées à décourager la justice auraient même eu raison du procureur du roi.

La citoyenneté: un devoir avant toutLes citoyens marocains, révoltés, avaient déjà fait appel à Avaaz, en octobre 2013, pour clamer leur colère contre les criminels de la route. Mais que faire quand ces criminels se pensent au-dessus des lois? Se pensent intouchables, vraisemblablement à "raison", puisque les pressions des leurs en arrivent à décourager le travail de la justice? Il ne fait apparemment pas bon être intègre, quand l’intégrité risque d’entacher la réputation de certains notables. Des notables dont le comportement des enfants n’a rien à envier aux criminels et ivrognes qui ont abandonné sur la route Amina Balafrej ou tué d’un jet de pierre Farida Berrada. Entre autres… Les accidents de la route font assez de victimes. Nul doute qu’il y en aurait beaucoup moins si certains ne se sentaient inatteignables.

Par Bouthaina Azami
Le 06/05/2014 à 06h56