Covid-19: Marrakech, la ville qui s'est fâchée avec le sourire

La place Jemaâ El Fna à Marrakech.

La place Jemaâ El Fna à Marrakech. . DR

Revue de presseKiosque360. La place Jemaâ El Fna attirait jusqu’à mi-mars des millions de visiteurs et figurait parmi les attractions touristiques les plus visitées au monde. Après six mois d’interruption et avec un tourisme aux abonnées absentes cet été, les opérateurs ne voient pas le bout du tunnel.

Le 06/08/2020 à 19h30

Le spectre de la crise sanitaire continue de hanter la célèbre place Jemaâ El Fna, espace culturel incontournable de Marrakech, où de nombreux artistes profitaient jadis de l’arrivée en masse des touristes. Dans son édition du 7 août, le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia fait le point sur la situation socio-économique des «Hlay9ia», ceux pour qui la place représente à la fois un espace d’expression artistique et un lieu de travail. Après six mois d’interruption, ces artistes sont toujours en arrêt de travail. Aucune présence des fameux conteurs, charmeurs de serpents, et autres dompteurs de singes, qui autrefois, affluaient sur la place, la journée pour certains, le soir pour d’autres afin de gagner leur pain quotidien, commente le journal.

La place, classée patrimoine culturel immatériel depuis 2008 et au patrimoine mondial depuis 1985 par l’Unesco, attirait jusqu’à mi-mars des millions de visiteurs et figurait parmi les attractions touristiques les plus visitées au monde. Mais la crise sanitaire en a décidé autrement pour l’écosystème hôtelier marrakchi. C’est un silence de cathédrale qui règne sur les restaurants, cafés et hôtels, bondés de touristes naguère. Le journal donne l’exemple du «Café France», réputé pour sa terrasse avec vue panoramique sur la place Jamaâ El Fna, qui a dû fermer, pour la première fois depuis un siècle.

Cela traduit aussi l’ampleur de la crise actuelle et les effets qu’elle induit sur l’un des pôles touristiques majeurs du royaume suite à l’adoption de l’état d’urgence, et surtout à l’issue de la fermeture des frontières avec les pays voisins. Une décision qui prive un large pan de la population d'importantes sources de revenus. L'interdiction des déplacements interurbains, décrétée dimanche 26 juillet en provenance et en partance de Marrakech, Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Casablanca, Berrechid et Settat, a encore aggravé la situation. Cette décision a entrainé, d’après le quotidien, un climat de panique généralisé chez les opérateurs touristiques, propriétaires de bazars et commerçants de la ville ocre.

L’incertitude pesante de la saison touristique à Marrakech impacte également le commerce. À Souk El Bahja, lieu de négoce incontournable au coeur de médina, l’avenir est plutôt flou. Les vendeurs interrogés par le journal expliquent qu’ils voyaient d'un bon oeil la décision du gouvernement de lâcher du lest début juin dernier. Mais la situation a tourné à leur désavantage, avec l’interdiction des déplacements entre les grandes villes du royaume.

Ahmed Ghanim, porte-parole des commerçants à Souk El Bahja, présente sommairement au journal la situation du négoce à Marrakech: «La saison touristique s’étale de mars à septembre. Force est de constater que la situation est loin de s’améliorer… Nous avons demandé au gouvernement et au conseil communal de nous prêter main-forte, notamment en nous accordant une exonération des loyers durant ces 5 mois, en vain. Aujourd’hui, certains commerçants se sont reconvertis en vendeurs ambulants. La preuve qu’on touche le fond!».

Par Maya Zidoune
Le 06/08/2020 à 19h30