Coronavirus: amputations, lésions cérébrales, inflammations cardiaques… ces inquiétantes découvertes

DR

C'est l'une des sombres découvertes de la pandémie: la maladie Covid-19, initialement perçue comme une virulente affection respiratoire, attaque bien plus que les poumons. Les médecins se sont aperçus que d'autres organes étaient affectés.

Le 28/04/2020 à 13h15

Parmi les scénarii observés chez les malades atteints du Covid-19 par les médecins, la formation de caillots. Chose inquiétante, les patients en question ne présentaient aucun facteur de risque autre…

Des microcaillots de sang aux effets néfastesLa formation de caillots dans des vaisseaux sanguins peut asphyxier les membres. Quand ils se forment dans les veines de la jambe (phlébite), ils peuvent se déloger et remonter vers les poumons, y boucher l'artère et les mettre à l'arrêt (embolie pulmonaire). Dans le cœur, ils peuvent provoquer une crise cardiaque. Quand ils vont au cerveau, c'est l'accident vasculaire cérébral.

Autant de possibilités qui ont malheureusement été observées par les médecins, comme ce fut notamment chez l’acteur canadien Nick Cordero, gravement malade du nouveau coronavirus et qui après avoir passé18 jours en réanimation à Los Angeles, s’est vu amputer de sa jambe droite. Un caillot indélogeable y bloquait la circulation du sang.

Dans son service de NYU Langone, Shari Brosnahan, médecin réanimatrice spécialiste des poumons, explique à l'AFP que bien que ce phénomène soit encore rare, le nombre de cas où des caillots remontent par les veines a plus que doublé pendant la pandémie chez ses patients en état critique.

Autre facteur inquiétant et surprenant, la jeunesse relative de certains patients. Shari Brosnahan explique ainsi avoir actuellement deux quadragénaires en réanimation, dont l'un risque de perdre une main et l'autre, les quatre membres.

Normalement, contre les caillots, des anticoagulants comme l'héparine sont administrés. Toutefois, "cette coagulation ne ressemble pas à la coagulation habituelle", déclare la médecin. En effet, beaucoup de patients présentent des "microcaillots", explique-t-elle, "jusque dans les capillaires", qui sont les vaisseaux sanguins les plus petits. Impossible en ce cas d'opérer, contrairement aux gros caillots dans un poumon ou le cerveau. L'amputation est alors souvent la seule fin possible.

A l’heure actuelle, les raisons de cette coagulation sont encore inconnues. Plusieurs pistes sont à l’étude et les médecins s’interrogent ainsi sur les antécédents cardiovasculaires ou pulmonaires de nombreux patients. Mais pas que. Il est aussi question d’envisager ces caillots comme une conséquence de la flambée inflammatoire associée à la maladie. Ou enfin, autre hypothèse, le coronavirus pourrait agir directement sur la coagulation.

Toutefois, à ce stade, toutes ces pistes relèvent de simples hypothèses qui n’ont pas encore été prouvées.

Des lésions cérébrales possiblesDans une étude observationnelle à paraître dans les Annals of Neurology, le Professeur Hervé Vespignani, neurologue et directeur médical de la startup française Bioserenity, annonce la mise en évidence de lésions cérébrales détectées chez des patients atteints du Covid-19 par un électroencéphalogramme (EEG).

Ainsi, les poumons et le cœur ne seraient pas les seuls organes touchés par le virus, le cortex cérébral pourrait aussi être la cible du Covid-19. "Il ne faut pas penser que le Covid-19 se résume à une pathologie respiratoire mais il est fort probable qu’il est responsable de lésions cérébrales", explique à ce sujet le neurologue sur BFMTV après avoir constaté des anomalies "caractéristiques d'une encéphalite, c'est-à-dire une atteinte directe du cortex cérébral".

Expliquant que 20% des comas demeurent à ce jour inexpliqués en Chine et en Corée du Sud, le Professeur Vespignani recense en France plus de 22 cas d’encéphalites sur 170 cas observés. "Il y a des malades après la phase de guérison respiratoire qui peuvent garder des séquelles cognitives. Cela vient peut-être de la réanimation mais il est fort probable qu’il existe une atteinte indirecte du virus sur l’encéphale", poursuit-il dans une interview accordée à Didier Bourdin sur RMC.

Un mystérieux syndrome vasculaire qui touche les enfants inquièteDe l’autre côté de la Manche, au Royaume-Uni, la communauté scientifique a d’autres sujets d’inquiétudes. En effet, celle-ci se retrouve confrontée à une maladie apparue récemment, laquelle ressemblerait à s'y méprendre à la maladie de Kawasaki, un syndrome vasculaire affectant les jeunes enfants, et qui pourrait être causé par le Coronavirus.

Parmi les symptômes des jeunes patients figurent des douleurs abdominales, des troubles gastro-intestinaux et une inflammation cardiaque.L’alerte, qui a été lancée sur twitter par la UK Pediatric Intensive Care Society (Pics), indique qu'au cours des "trois dernières semaines, il y a eu une augmentation apparente du nombre d'enfants de tous âges présentant une inflammation inflammatoire multisystèmes nécessitant des soins intensifs à Londres et également dans d'autres régions du Royaume-Uni".

Selon l'alerte, qui aurait été initialement partagée avec les médecins généralistes du nord de Londres, les enfants affectés présentent des signes similaires au syndrome de choc toxique (SCT), une maladie grave associée à des infections, et présentent des marqueurs sanguins conformes à la forme sévère du Covid-19 chez les enfants.

"C'est une nouvelle maladie qui, selon nous, peut être causée par le coronavirus", a déclaré mardi le ministre britannique de la Santé Matt Hancock à la radio LBC. "Nous ne sommes pas sûrs à 100% parce que certaines des personnes qui l'ont contractée n'ont pas été testées positives (au coronavirus). Nous faisons donc actuellement beaucoup de recherche. Mais c'est quelque chose qui nous préoccupe", a-t-il ajouté.

"Il s'agit d'une maladie très rare, mais je pense qu'il est tout à fait plausible que cela soit dû à ce virus, du moins dans certains cas" avait également déclaré lundi le chef des services sanitaires, Chris Whitty, lors de la conférence de presse quotidienne du gouvernement sur le coronavirus.

Toutefois, le professeur Russell Viner, président du Royal College of Paediatrics and Child Health (RCPCH) se veut rassurant et rappelle ainsi dans un message posté sur le site de l'établissement que la probabilité pour que des enfants atteints du coronavirus deviennent gravement malades est faible. "Nous savons qu'un très petit nombre d'enfants peut devenir gravement malade du Covid-19, mais c'est très rare", a-t-il déclaré dans un communiqué, soulignant que "les enfants semblent faire partie de la population la moins touchée par cette infection."

Par Zineb Ibnouzahir
Le 28/04/2020 à 13h15