Casablanca: les grands maux d’hier, d’aujourd’hui et de toujours

DR

Revue de presseKiosque360. A quelques moins de l’échéance du Plan de développement de la ville (2015-2020), et malgré les 33 milliards de dirhams investis, Casablanca continue à faire face aux mêmes problèmes qu’avant.

Le 17/01/2020 à 20h28

Pourquoi des villes avec une densité moindre et nettement moins de potentiel et de moyens se développent alors que Casablanca non ? Le cas de Rabat, Tanger et Marrakech sont éloquents. Pourquoi la plupart des projets structurants et d’envergure lancés dans la capitale économique sont voués à l’échec? Où en est le Plan de développement de la ville qui arrive bientôt à échéance? Autant de questions et bien d’autres que s’est posé le quotidien Assabah dans le cadre d’un dossier de quatre pages qu’il a consacré à la Métropole dans son numéro du week-end des 18 et 19 janvier.

Il y a six ans, le roi avait soulevé les mêmes interrogations dans un discours consacré en grande partie, en octobre 2013, à la ville Blanche. «Mais pourquoi cette ville, qui compte parmi les plus riches du Maroc, ne connaît-elle pas concrètement l'essor auquel aspirent les Casablancaises et les Casablancais, à l'instar de beaucoup d'autres villes?», s’était interrogé le souverain à l’occasion de ce discours dont Assabah a rappelé d’ailleurs quelques extraits. Est-il raisonnable, ajoute le roi, qu'elle reste à ce point un espace de grandes contradictions, jusqu'à devenir l'un des modèles les plus faibles en matière de gestion territoriale?

Ville de tous les contrastes où une vache peut disputer le passage à une Mazerati, Casablanca, même avec sa place financière ou sa «City», peine à décoller, constate Assabah. Le quotidien a également relevé quelques disparités sociales des plus criantes, constatant la véracité des propos d’un connaisseur de la ville qui avait affirmé que «Casablanca est clivée par l’autoroute, d’un côté les quartiers privilégiés et choyés par les responsables et les élus, de l’autre les quartiers paupérisés où se manifeste la misère absolue».

Il y a près de sept ans, poursuit le quotidien, le roi avait pointé l’origine de tous les maux de la ville. «Outre la faible efficacité des interventions de certains services provinciaux et régionaux des différents départements ministériels, on relève, entre autres raisons majeures, le mode de gestion adopté par certains conseils élus qui se sont succédé à la gestion de la ville, ainsi que les antagonismes stériles entre leurs composantes respectives», avait affirmé le souverain. C’est, en effet, note le quotidien, un problème de gestion et de gouvernance.

Ainsi, au lieu de servir de tremplin pour son décollage, le régime de l’unité de la ville tel qu’il a été appliqué sur le terrain n’a fait qu’accentuer les disparités. Le découpage de la ville a donné lieu à des arrondissements utiles et riches comme Anfa, Maarif, Sidi Belyout ou encore Aïn Chok et à d’autres, tout le reste en fait, pataugeant dans la misère. Bref, 17 ans après sa mise en œuvre, cette expérience est loin d’atteindre les objectifs du départ. Le modèle n’a eu aucun impact sur la vie des citoyens et la ville a progressivement perdu de son attractivité. Et pour ne rien arranger, le béton continue de ramper avalant jour après jour le peu d’espaces verts dont disposait la ville.

La gestion des ordures et la propreté en général continue à poser problème aujourd’hui encore. Le pire est que non seulement le service de ramassage laisse à désirer, mais c’est également la décharge qui pose un sérieux problème pour l’environnement et pour la santé des citoyens. Pourtant, ce service délégué absorbe un budget annuel de 890 millions de dirhams. De même pour le transport public. Les responsables de la ville ont tout simplement été incapables d’acheter des bus à mettre à disposition de la nouvelle société qui assure désormais la gestion déléguée de ce service. Pendant ce temps, les Casablancais déjà pratiquement sans bus depuis novembre dernier, doivent prendre leur mal en patience pour encore presque une année.

Au-delà de ces deux services vitaux, la ville souffre également de la prolifération du commerce anarchique qui a envahi un grand nombre de ses artères. Les chantiers d’élargissement de la voirie, lancés un peu partout, et la campagne, initiée récemment, pour la libération de l’espace public, n’ont pas pu contenir ce phénomène rampant. En parlant justement de chantiers, la ville en est un mais à grande échelle. Plus de 33 milliards de dirhams ont, en effet, été mobilisés pour la restructuration et la mise à niveau de la ville. Une dizaine de conventions ont été signées en ce sens, devant le roi, en septembre 2014, rappelle le quotidien. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 16 milliards de dirhams pour le transport public, deux milliards de dirhams pour le réaménagement des quartiers sous-équipés et dix milliards de dirhams pour améliorer la circulation dans la ville.

Il s’agit, en fait, d’un plan intégré étalé sur cinq ans (2015-2020) qui devait hisser la ville au niveau des métropoles mondiales développées. A quelques mois de son échéance, les Casablancais n’ont encore rien vu de concret. Ils continuent, par contre, de faire face aux mêmes problèmes de propreté, de transport, de circulation, d’anarchie et de disparités sociales criantes, entre autres. Ce qui, d’après le quotidien, fait de la ville «un cimetière des projets».

Par Amyne Asmlal
Le 17/01/2020 à 20h28