Casablanca: début du procès des musiciens de la place «Maréchal»

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Revue de presseKiosque360. C’est ce jeudi 23 novembre que s’ouvre le procès des deux musiciens de la place des Nations Unies, à Casablanca. Les deux artistes sont accusés d’outrage à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, suite à une altercation avec les forces de l’ordre qui ont saisi leur matériel.

Le 21/11/2018 à 20h45

Le tribunal de première instance d’Ain Sebaa tient, ce jeudi 22 novembre, sa première audience dans l’affaire des musiciens de la place «Maréchal» à Casablanca. Les deux mis en cause, Badr Mouataz et Mehdi Achtaoui, sont poursuivis, en état d’arrestation, pour «outrage à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions».

Une altercation aurait eu lieu entre les deux hommes et les policiers qui étaient chargés de saisir leurs instruments de musique. Les faits se sont produits sur la place des Nations Unies, alias «Place Maréchal», où les deux artistes avaient pris l’habitude d’exercer leurs talents artistiques. Incarcérés à la prison d'Oukacha, ils sont accusés de «violences envers l’autorité» et risquent des peines pouvant atteindre 5 ans de prison ferme. La décision de saisir leurs instruments fait suite à de multiples plaintes des riverains, qui souffrent quotidiennement des bruits causés par le matériel de sonorisation installé sur la voie publique.

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du jeudi 22 novembre, que les deux musiciens n’ont pas digéré la saisie de leur matériel. D’autant qu’ils sont quotidiennement délogés de la place par les forces publiques et qu’ils ont souvent manifesté, de manière pacifique, contre cet «acharnement». Ils ont accusé les autorités de décision arbitraire et d’abus de pouvoir, avant que les choses ne s’enveniment et que les policiers ne procèdent à leur arrestation. La nouvelle de leur interpellation a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, où les internautes se sont élevés contre cette «détention arbitraire» de deux musiciens qui ont participé à plusieurs éditions du festival «L’Boulevard». Les utilisateurs de la Toile ont ainsi appelé les médias, les artistes et les musiciens à demander «l’arrestation des terroristes et des criminels et à libérer les deux artistes».

Le hashtag «L’art dans la rue n’est pas un crime» a rapidement circulé sur tous les réseaux sociaux, notamment sur Facebook où il a suscité un vif débat sur le droit de jouer de la musique dans la rue. Certains intervenants considèrent que les habitants ont le droit de se plaindre quand la musique, amplifiée par la sonorisation, les dérange. D’autres affirment qu’il n’y a pas d’habitants autour de la place et «qu’au lieu de s’en prendre aux musiciens, les autorités devraient lutter contre les marchands ambulants, les clochards et les drogués qui squattent les lieux et portent atteinte à l’ordre public». Ils évoquent également la musique bruyante qui émane des bars et des cabarets, sans oublier, ajoutent-ils, les bagarres nocturnes et diurnes qui opposent, noamment, les filles de joie.

Une vie infernale, enchaînent les internautes, qui a poussé un grand nombre d’habitants de la place des Nations Unies et des quartiers voisins à déménager pour fuir un lieu devenu le repaire de la prostitution et un espace de désordre et d'agressions. Il faut rappeler que l’accusé Badr Mouataz devait animer, ce vendredi 23 novembre, une soirée en compagnie de son groupe «Sound Trip», dans le cadre de la manifestation «Musique sans visa».

Par Samir Hilmi
Le 21/11/2018 à 20h45