Amal Bourquia: La greffe du rein, "alternative indispensable"

Maghress

La greffe rénale s’est imposée comme la thérapie la plus efficace en cas de dégradation irréversible de la fonction des reins. Amal Bourquia, présidente de l'association Reins, revient sur cette intervention encore marginale au Maroc.

Le 14/01/2015 à 08h15

La présidente de l'Association Reins. La prise en charge de l'insuffisance rénale chronique (IRC) ne pouvait rester limitée à l’hémodialyse périodique. Le développement de la greffe rénale demeure une solution complémentaire évidente en ce sens qu'elle assure la qualité de vie et l'autonomie des patients. En raison de ses conséquences médicales, sociales et économiques, la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique constitue un problème médical d'une acuité croissante dans les pays en voie de développement. Aussi, l'essor des thérapies de remplacement de la fonction rénale reste étroitement lié aux condition socio-économiques et aux stratégies de santé de chaque pays, explique Amal Bourquia, médecin professeur de néphrologie-dialyse.

Selon elle, l'essor de la greffe rénale a soulevé de nombreuses questions éthiques, la faisant apparaître comme complexe et ambivalente dans son fondement philosophique, social, juridique et dans sa pratique médicale. Une évidence doit être formulée
: la dialyse ne doit rester qu’une solution d’attente. Les fondements éthiques de la greffe rénale doivent rester présents tout au long du processus d’information et occuper régulièrement le cœur des débats pour éviter que la greffe rénale ne s’écarte, sous différentes contraintes, de son noble objectif, a souligné la néphrologue.

Au Maroc, les dons d’organes sont insuffisants. Le pays en manque toujours cruellement, alors que le nombre de patients qui ont besoin d’une transplantation augmente sans cesse. Si en Tunisie et en France les donneurs sont plus nombreux avec respectivement 1,6 et 40 donneurs par million d’habitants, au Maroc la situation est alarmante avec seulement 0,4 donneur pour tout type d’organes.

Certes, le Royaume a démarré cette thérapie il y a plus de 20 ans, avec des équipes dans les CHU, mais les staffs médicaux ne sont pas stables et de nombreux départs vers le secteur libéral contribuent à retarder cette évolution. 12 greffes par million d’habitants, et 24 par an depuis 2000 sont des chiffres dérisoires comparés à la demande, d’où la nécessité de mettre en place une stratégie pour le futur où la greffe rénale serait une alternative indispensable, plaide Amal Bourquia, auteur de plusieurs ouvrages traitant de cette spécialité.

Par Hicham Alaoui
Le 14/01/2015 à 08h15