Aïd Al Adha : L'homme sacrifié au mouton

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Revue de presseKiosque360. La fête de l’Aïd Al Adha approche. Fête ? Oui... mais elle a un sacré prix pour certains!

Le 10/10/2013 à 22h45

La fête de l’Aïd Al Adha approche. Fête ? Mais à quel prix ! Car si cet événement reste fortement chargé symboliquement pour tous les musulmans, il n’en est pas moins, pour nombre d’entre eux, un sacrifice certainement moins douloureux que celui qu’a dû affronter Abraham, mais néanmoins problématique. Ainsi, titre Le Temps dans sa dernière livraison, "tandis que les uns font des pieds et des mains pour acheter un mouton, d’autres choisissent volontairement de bouder cet événement".

Le magazine avance qu"il vous faudra débourser, cette année, entre 2.500 et 3.000 dirhams minimum" pour acquérir un mouton. D’autant plus que ce mouton devra faire honneur à son acquéreur, qu’en dira-t-on oblige : "Nombreux sont les marocains qui se privent de tout pour être capables, le moment venu, d’acheter un mouton costaud, qui pourrait faire l’affaire et leur éviter les remarques déplacées des voisins, surtout dans les quartiers populaires", souligne ainsi Le Temps. Une affirmation qui en dit long sur les sacrifices faits par ce qui en ont le moins les moyens et se battent au jour le jour pour satisfaire leurs proches et les rendre fiers d’eux.

Les plus pauvres s'endettent, les plus riches fêtent

Pour cela, nombre de marocains, souligne encore l'hebdomadaire, sont prêts à s’endetter : "Je me demande pourquoi les marocains cultivent une si grande affection pour le cheptel, surtout le mouton. J’ai des amis qui s’endettent, chaque année, pour pouvoir égorger la bête. Ils oublient peut-être qu’ils s’égorgent eux-mêmes. Tout ça pourquoi ? Juste pour se vanter devant les voisins et la famille d’avoir pu acquérir un mouton… ". Ce témoignage de Adil, propriétaire d’un commerce à Casablanca, est certainement le témoignage d’un homme qui dit tout haut ce que chacun pense tout bas. Et ceci d’autant plus que, comme le précise le magazine, les classes populaires, à savoir donc celles qui ont les moins de moyens, sont les plus promptes à se saigner pour ces rituels.

Ahmed, un autre témoin, déclare : "Pourquoi est-il si difficile de dire à son voisin qu’on a pas choisi de sacrifier le mouton ? Vous imaginez un simple ouvrier qui décide de ne pas faire le grand sacrifice et qui plus est le déclare haut et fort dans son quartier ?" Et Ahmed d’insister sur le fait que nulle obligation quant à ce sacrifice n’est faite dans le Coran, et que la "sunna" du prophète n’y invite que ceux qui en ont les moyens. Force est de constater que, justement, ceux qui ont les moyens se passent aisément de ces rituels. Par contre, les moins nantis se sentent obligés de prouver, en offrant aux leurs un mouton qui fera pâlir d’envie le voisinage, qu’ils parviennent malgré tout à faire la fierté de leur famille.

Par Bouthaina Azami
Le 10/10/2013 à 22h45