Vidéo. Crise au sein du PJD: le ras-le-bol d'Abdelilah Benkirane

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD).

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD). . Dr

Jusque-là peu loquace sur la crise interne qui secoue le PJD depuis la nomination de Saâd-Eddine El Othmani à la tête du gouvernement, Abdelilah Benkirane sort de son silence. Et évoque un éventuel départ du secrétariat général du parti. Mais que cache une telle sortie?

Le 14/09/2017 à 11h33

Depuis sa création, le PJD a préservé l’image d’un parti soudé où «tout se discute, mais les décisions, une fois prises, se respectent», comme aiment à le répéter dirigeants comme militants de cette formation politique. Mais depuis l’échec d’Abdelilah Benkirane à former une majorité et, donc, son remplacement à la tête de l’Exécutif par Saâd-Eddine El Othmani, un malaise, puis une crise est née au sein du PJD. Certains ont accepté la nouvelle situation, d’autres digèrent mal que Benkirane ne soit plus à la tête de l'Exécutif.

Secrète et silencieuse, puis discrète et admise à demi-mots et présentée comme une phase normale que peut vivre tout parti politique, la crise sort au grand jour aujourd’hui et paraît bien plus profonde et inextricable que ne laissent supposer les cadors du parti de la Lampe. La preuve en est la sortie d’Abdelilah Benkirane, ce jeudi 14 septembre, sur PJD TV. Le secrétaire général du parti islamiste y parle de paroles «qui blessent» et qui plus est «émanent de personnes proches». Il vise par ces propos une partie des dirigeants qui lui reprochent son manque de soutien au gouvernement. La veille, mercredi, et lors d’une réunion tenue chez lui à Rabat avec des conseillers PJD de Mohammedia, il avait déjà entamé les hostilités.

«Depuis la naissance de la crise, j’essaie de la gérer au mieux. J’entends des choses à mon égard qui me font mal et qui émanent de personnes qui me sont proches. Jusque-là, je préfère me taire. En sachant qu’en tant que secrétaire général, je peux constituer des commissions d’enquêtes…», prévient-il. «De tels procédés et critiques veulent tout simplement dire qu’on n'est plus apte à occuper son poste (au sein du PJD, NDLR) et qu’on n'exerce pas ses fonctions correctement», martèle Benkirane, parlant de lui à la troisième personne dans ce qui ressemble à des menaces de démission, mais aussi de certains dirigeants.

«J’attends le jour où les frères m’enlèveront ce fardeau et le mettent sur le dos de quelqu’un d’autre, dans la paix et pour la paix au sein du parti», conclut Benkirane, explicite.

La question qui s'impose est de savoir pourquoi Benkirane a décidé de faire une telle sortie en ce moment, à l’heure où le gouvernement El Othmani vient de présenter son premier bilan et à la veille du congrès du PJD, prévu le 9 décembre. Véritable ras-le-bol d’un Benkirane qui s’apprête à jeter l’éponge ou manœuvre pour dire «retenez-moi, sinon je reste», mais en position de force en vue d’un troisième mandat. En tout cas, cette sortie ressemble bien à une campagne en direction de la base du parti de la Lampe.

Par Tarik Qattab
Le 14/09/2017 à 11h33