Un gouvernement "amateur"

Conseil de gouvernement.

Conseil de gouvernement. . DR

Revue de presseKiosque360. Les deux gouvernements dirigés par le PJD n’ont cessé de prendre des décisions hâtives et impopulaires pour, finalement, les abandonner face à la pression sociale. Et, à aucun moment, l’Exécutif n’a essayé de tirer la leçon de ses erreurs.

Le 16/01/2019 à 20h23

Tout le monde l’aura constaté, le gouvernement El Othmani a dû faire le dos rond, récemment, face aux contestations des commerçants. Il voulait leur imposer de nouvelles dispositions fiscales, notamment la facturation électronique, mais a été contraint de faire marche arrière. Et, pour sauver la face, l’Exécutif a dû puiser dans le vocabulaire de la justification, finissant par promettre un amendement de ces dispositions pour éviter une crise sociale, écrit le quotidien Al Akhbar dans l’édito de son numéro du jeudi 17 janvier.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement prend une décision pour, ensuite, s’empresser de la retirer sous la pression de la rue. Les deux gouvernements du PJD n'ont cessé, en effet, de prendre des décisions dans la précipitation et bien souvent en improvisant, sans études préalables, provoquant immédiatement des effets inattendus. Le gouvernement s’empresse donc de revenir dessus au premier cri de contestation. Ce mode de gestion «amateur» des affaires publiques, écrit l’éditorialiste, a été la cause de plusieurs crises, sans que le gouvernement ne daigne retenir la leçon de ses erreurs.

Certes, il n’y a rien de grave à ce que le gouvernement décide d’appliquer la facturation électronique aux commerçants et se rétracte pour éviter une crise sociale mais, ce qui lui est reproché, c’est de continuer à prendre des mesures précipitées qu’il finit par abandonner sous la pression sociale. Ce faisant, souligne l’éditorialiste, le gouvernement agit comme si les citoyens étaient des rats de laboratoire sur lesquels il expérimente ses recettes de gestion. Et cela, c’est très grave pour son image. Cela en fait, en réalité, un gouvernement «amateur» incapable de gérer les affaires de 36 millions de marocains.

Il semble que le problème du gouvernement, problème qui explique ses décisions provocatrices, soit l’absence de cohésion entre ses membres, chacun travaillant dans son coin. C’est sans doute pour cela qu’à chaque fois que le gouvernement prend une décision contestée, les membres de la majorité s’empressent de rejeter la responsabilité les uns sur les autres.

Il n’en reste pas moins, poursuit l’éditorialiste d’Al Akhbar, que l’absence du sens de communication au sein du gouvernement y est pour beaucoup dans cette situation. Il lui arrive souvent de prendre des décisions qu’il n’arrive pas à expliquer aux citoyens concernés, ce qui crée des malentendus qui finissent souvent par des clashs sociaux. Si le gouvernement avait su communiquer sur ses décisions, conclut l’éditorialiste, s’il avait soumis au préalable les textes de loi et de règlement qu’il produit à l’étude et à la concertation, s’il en avait anticipé l’effet sur les citoyens au lieu de viser les retombées sur le budget, il n’aurait certainement pas fait face à autant de critiques et de contestations.

Par Amyne Asmlal
Le 16/01/2019 à 20h23