Un enregistrement audio attribué à des magistrats met en alerte l’appareil judiciaire

DR

Revue de presseKiosque360. Le parquet général de Casablanca a ordonné l’ouverture d’une enquête suite à la diffusion d’un enregistrement vocal attribué à deux magistrats qui seraient intervenus dans un dossier judiciaire en cours. Cet article est une revue de presse tirée des quotidiens Al Ahdath Al Maghribia et Assabah.

Le 12/07/2022 à 22h18

Le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Casablanca a ordonné l’ouverture d’une enquête sur un enregistrement audio attribué à deux magistrats soupçonnés de tentative d’ingérence dans une affaire judiciaire en cours. Les avocats ont vivement protesté contre la diffusion de cet enregistrement qui, disent-ils, vise à nuire à leur réputation. Ils ont ainsi décidé d’organiser, ce mercredi 13 juillet, un mouvement de protestation devant la Cour d’appel de Casablanca. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mercredi 13 juillet, que la communication téléphonique en question est attribuée à la présidente d’une Chambre de la Cour de cassation et au président d’une Chambre criminelle à la Cour d’appel de Casablanca.

Dans cet enregistrement, la première magistrate demande à son collègue de ne pas reporter l’audience de deux individus en état de détention, tout en qualifiant l’avocate qui les défend «d’intermédiaire véreux agissant à l’insu des juges». Et de souligner que «les mères des deux détenus sont des femmes de ménage auxquelles l’avocate a promis d’intervenir en leur faveur pour régler leur dossier, moyennant 20.000 dirhams à verser par chacune d’entre elles».

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne que le juge chargé de l’affaire a promis de «désigner deux autres avocats, dans le cadre de l’assistance judiciaire, pour remplacer l’avocate suspecte et avancer la date de l’audience». Mais, malgré l’ouverture d’une enquête, les avocats n’ont pas décoléré et ont vivement protesté sur les réseaux sociaux en demandant à l’Ordre des avocats de Casablanca d’intervenir, voire de boycotter les audiences du juge dont le nom a été évoqué dans l’enregistrement audio. Le quotidien Assabah, qui traite le même sujet, indique que la fuite de cette conversation téléphonique soulève beaucoup de points d’interrogation. Car, si l’objectif était de dénoncer ces agissements, il aurait été préférable de le faire sous le sceau de la confidentialité en informant les services compétents, sans que cette affaire ne soit relayée par les réseaux sociaux: «la question qui se pose avec acuité est de savoir qui a intérêt à semer la discorde entre les avocats et les magistrats? Et dans quel but? », s’interroge le quotidien Assabah

Ayant compris les objectifs des messages codés qui se cachent derrière cette fuite, les représentants des avocats ont eu des contacts avec les juges. A ce propos, les deux parties considèrent que «les propos malveillants contenus dans la communication téléphonique ne concernent que leur auteur, les relations entre les juges et les avocats demeurant très solides». Pour leur part, les représentants du pouvoir judiciaire, en l'occurrence le président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire( CSPJ) et la présidence du ministère public, ont chargé la BNPJ de diligenter une enquête sur cette affaire.

Par Hassan Benadad
Le 12/07/2022 à 22h18