Télés publiques : El Khalfi sur les traces de Driss Basri !

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Revue de presseKiosque360. La télé et les médias publics en général ont toujours été un autre important nerf de la guerre. Aujourd’hui, les conservateurs cherchent à mettre sous tutelle ces médias pour servir un agenda de longue haleine. Akhbar Al Yaoum y consacre son dossier de ce week-end.

Le 06/06/2015 à 08h37

La guerre de la télé, l’autre visage de la lutte des pouvoirs au Maroc. C’est l’angle choisi par Akhbar Al Yaoum pour revenir sur l’effervescence vécue ces derniers temps par les médias audiovisuels publics en relation avec le concert de Jennifer Lopez et d’autres sujets d’actualité. En fin de compte, à lire les quatre pages du dossier d’Akhbar Al Yaoum, on en sort avec ce grand constat que celui qui maîtrise l’image a le pouvoir. Le dossier s’intéresse surtout à la réaction de Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, et au-delà de son parti, à la diffusion du concert de Jennifer Lopez sur 2M. « Depuis la bataille des cahiers des charges, l’interdiction du film de Nabyl Ayouch (Much Loved) et le concert de Jennifer Lopez, on constate une offensive du camp conservateur sur les médias au Maroc. L’intervention directe et flagrante dans tous les détails du travail des médias publics de Mustapha El Khalfi nous rappelle Driss Basri. Contacter des fonctionnaires et des responsables des chaînes de télévision est une chose inacceptable », commente un connaisseur des médias publics à Akhbar Al Yaoum. Un El Khalfi qui rappelle Driss Basri, la formule est lourde de sens ! L’ancien ministre de l’Intérieur a réussi à mettre la main sur les médias publics et avoir le dernier mot quant à tout ce qui se diffusait sur ces supports pour des raisons d’Etat comme les interprétait Driss Basri. Mustapha El Khalfi, lui, le fait pour servir le clan conservateur qui veut mettre sous tutelle les choix et goûts des Marocains. C’est pour cela, lit-on en filigrane, que la dernière édition de Moubacharatane Maâkoum a été déprogrammée. Cette édition devait être consacrée à l’interdiction de « Much Loved », mais la chaîne a affirmé que le « climat » général n’était pas propice à ce genre de débat. En clair, le débat pouvait déborder, échapper au contrôle, et l’émission devenir un tremplin pour les voix conservatrices.

Il était une fois Hassan II…

Juste après l’indépendance du pays, le Palais et l’opposition (Mouvement national) s’étaient livrés une grande bataille autour des médias publics. Dès le gouvernement d’Ahmed Balafrej, en mai 1958, une guerre a éclaté autour de la radio. Et durant des décennies, il n’y a jamais eu d’armistice. Les partis de l’opposition (UNFP, puis USFP et Istiqlal notamment) disposaient d’une presse à grand tirage qui ne faisait pas de cadeaux au Palais. A Hassan II, restaient les médias publics pour instaurer un certain équilibre. Et tous les coups étaient permis. D’ailleurs, est-ce pour rien que l’une des revendications du duo USFP-PI juste avant la réforme de la Constitution de 1992 était l’instauration d’un conseil national de l’audiovisuel. Aujourd’hui, à l’ère du tout-média, la guerre continue, autrement… 

Par Abdeladim Lyoussi
Le 06/06/2015 à 08h37