Tebboune exclut l’endettement extérieur pour poursuivre sa politique hostile au Maroc

Abdelmadjid Tebboune avec des journalistes algériens.

Abdelmadjid Tebboune avec des journalistes algériens. . DR

Le président algérien vient de l'annoncer cash. L’Algérie ne va pas recourir à l’endettement extérieur pour pouvoir poursuivre sa politique hostile au Sahara marocain. Les détails.

Le 02/05/2020 à 15h36

Le nouveau président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a initié une nouvelle rencontre avec certains médias locaux, diffusée vendredi 1er mai par la télévision publique algérienne. Cette sortie médiatique aura eu le mérite de confirmer aux Algériens que rien n’a changé au sommet de leur Etat, et qu’ils doivent s’attendre au pire, face à la conjugaison de nombreux facteurs négatifs: pouvoir illégitime, crise du coronavirus qui a mis l’économie au tapis, chute drastique des prix du pétrole…

Maladroit, contradictoire, populiste à satiété, Tebboune aura du moins, lors de cette longue entrevue avec la presse, fait un aveu sur l’énorme gaspillage de l’argent des Algériens durant les cinq décennies écoulées: la manne pétrolière et le produit de l’endettement extérieur ont été dépensés dans le seul objectif de nuire à l’intégrité territoriale du Maroc.

«Nous n’irons ni au Fonds monétaire international (FMI) ni à la Banque mondiale (BM) car l'endettement porte atteinte à la souveraineté nationale, une expérience que nous avons vécue au début des années 1990», car «lorsque nous empruntons auprès de banques étrangères, on ne peut parler… du Sahara occidental». On le savait déjà, mais c’est plus clair une fois dit!Ces propos sont ceux du président algérien, Abdelmajid Tebboune, fidèlement rapportés par l’agence de presse officielle: APS.

L’Algérie est au bord de l’asphyxie. Plusieurs organismes internationaux tirent la sonnette d’alarme sur une économie entièrement dépendante de la rente pétrolière, qui représente plus de 95% des recettes extérieures de l'Algérie. Les réserves de change du pays se sont réduites comme peau de chagrin, passant de 162,4 milliards d'euros en 2014 à près de 57 milliards d’euros fin 2019. Et dans cette conjoncture terrible, le chef de l’Etat algérien privilégie le dossier du Sahara au sauvetage de son pays et au bien-être des Algériens.

Il est vrai que les institutions de Bretton Woods étant devenues très regardantes sur l’argent qu’elles prêtent aux pays membres, elles n’accepteraient pas que celui-ci aille alimenter les caisses noires, dilapidées pour financer le Polisario et les lobbys anti-marocains en vue de porter atteinte à l’intégrité territoriale du royaume.

Une pratique que tout un chacun connaît parfaitement en Algérie. Même si la loi de l’omerta est imposée sur ce dossier aux dirigeants algériens, cela n’a pas empêché l’ancien secrétaire général du FLN, Amar Saadani, de dire clairement que l’Algérie était en train de verser de l’eau dans du sable stérile en finançant à perte le Polisario et ses prétendus soutiens. Il a ainsi affirmé que les sommes d’argent colossales dépensées depuis quelque 50 ans pour financer le Polisario devaient servir au développement de l’Algérie, de ses villes et aller en particulier vers la jeunesse. Surtout que, selon lui, les dirigeants du Polisario ne font que se pavaner avec l’argent algérien dans de luxueux palaces à travers le monde, sachant que leur cause est perdue d’avance puisque le Sahara a toujours fait «historiquement partie du Maroc» et dont il a été amputé par le colonisateur.

Reste donc à savoir pendant combien de mois encore (certains parlent même d’années), le prix du pétrole ne dépassera pas le seuil de 30 dollars le baril et où Tebboune va trouver les moyens de sa politique de haine envers le Maroc.

Pour dépasser l’actuelle crise financière, qui sème davantage la panique dans les rangs des Algériens que le coronavirus, Tebboune propose une thérapie démagogique difficile à mettre en œuvre. Pour sortir le pays de l’impasse, il compte ainsi recourir non pas au financement conventionnel (endettement) ou non conventionnel (planche à billets), mais à la seule bancarisation du secteur informel algérien.

Tebboune estime en effet que le secteur informel algérien représente «quelque 6.000 (42,57 milliards d’euros) à 10.000 milliards de dinars (près de 71 milliards d’euros) de fonds à injecter et je préfère emprunter auprès des Algériens au lieu d’aller vers le FMI ou d’autres banques étrangères».

Sauf que même s’il peut convaincre et normaliser une partie de l’informel algérien, qui fuit en réalité les banques pour se prémunir contre la corruption du système des généraux, ce secteur n’acceptera jamais que son argent aille financer les dirigeants du Polisario.

Tebboune devrait au demeurant garder à l’esprit que les Algériens ne font pas confiance au régime corrompu qui les dirige. La preuve: la campagne de dons lancée, tambour battant, par le gouvernement algérien en vue d’alimenter un fonds dédié à la lutte contre le coronavirus n’a abouti qu’à récolter un petit million d’euros. On est très loin des milliards dont rêve Tebboune.

Par Mohammed Ould Boah
Le 02/05/2020 à 15h36