Tanger: l’argent de la discorde entre le wali et le maire

Bachir Abdellaoui, maire de Tanger, et Mohamed El Yaakoubi, wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima.

Bachir Abdellaoui, maire de Tanger, et Mohamed El Yaakoubi, wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. . DR

Revue de presseKiosque360. La trésorerie de la commune de Tanger croule sous les dettes à cause de la perte de plusieurs procès. Le dernier en date concerne le non respect de la procédure d’expropriation d’un terrain. Un litige de 12 millions de dirhams qui fut à l’origine d’un conflit entre le wali et le maire.

Le 11/11/2018 à 22h06

Les responsables de la commune de Tanger n’ont pas encore digéré le jugement prononcé à leur encontre par le tribunal administratif de Rabat. Suite à une plainte du propriétaire d’un célèbre hôtel de la ville du détroit, la cour a ordonné à la commune de lui payer 120 millions de dirhams pour lui avoir confisqué indument un terrain de près de deux hectares. Depuis, le conseil communal se démène pour ne pas débourser cette somme colossale. D’’autant que sa trésorerie pâtit depuis deux ans des suites de l’exécution de plusieurs décisions de justice prononcées en faveur de certains plaignants.

Dans une déclaration accordée au quotidien Al Massae, dans son édition du lundi 9 novembre, le maire de Tanger, Bachir Abdellaoui, affirme que la commune est prête à restituer immédiatement le terrain, objet du litige, enregistré sous le numéro «J / 2914» à leurs propriétaires.

Pour ce faire, les responsables de la commune ont adressé plusieurs lettres aux ayants droit pour leur proposer de régler ce problème à l’amiable. Outre la rétrocession du terrain, la commune a commencé à enlever toutes les modifications qu’elle a opérées depuis l’expropriation de ce terrain, notamment l’enlèvement d'arbres et autres aménagements.

La maire de Tanger reconnait que la trésorerie de la commune connaît d’énormes difficultés suite à l’exécution de plusieurs décisions juridiques prononcées en faveur de tiers à cause du non respect de la procédure d’expropriation. L’avocat de la commune a déclaré à Al Massae que l’opération de l’annulation de l’expropriation n’a pas pu être menée à terme à cause de l’opposition du wali de Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Ce dernier aurait donné ses ordres à la force publique pour interdire à l’ingénieur municipal d’effectuer les travaux précités sur le terrain, arguant qu’il dispose d’un acte judiciaire.

Interrogé par Al Massae sur la décision du wali, Mohamed El Yaakoubi, une source autorisée de la wilaya de Tanger a déclaré qu’il s’agit d’une mésentente, tout en promettant aux cadres de la commune de leur donner la permission de terminer leurs travaux. La même source affirme, toutefois, que les responsables de la wilaya avaient des raisons objectives d’intervenir dans ce dossier mais refusent d’en dévoiler la teneur.

Le tribunal avait statué en faveur du propriétaire de l’hôtel dans le dossier judicaire n°498/7112/2016 en sommant la commune de lui payer 120 millions de dirhams pour avoir exploité son terrain sans avoir respecté la procédure juridique de l’expropriation.

Cependant, une source autorisée affirme que la commune n’a ni confisqué, ni exploité le terrain en question. Mais, ajoute-t-elle, ce sont les autorités locales qui y ont planté des arbres et du gazon pour conserver l’esthétique de la zone qui comprend des unités hôtelières et touristiques.

La même source précise que la commune n’a effectué aucun changement sur ce terrain puisqu’il a été facile de le remettre en état. C’est pour cela, ajoute-elle, que l’on s’étonne que le propriétaire de l’hôtel n’ait pas daigné répondre aux multiples correspondances de la commune qui l’invitaient à trouver une solution à l’amiable. D’autant, conclut la même source, que le conseil de la ville lui a proposé des facilités dans le cas où il voudrait construire sur ce terrain un projet hôtelier ou touristique à condition qu’il respecte le plan d’aménagement.

Par Samir Hilmi
Le 11/11/2018 à 22h06