Salariés non déclarés à la CNSS: la nouvelle fuite en avant du ministre Amekraz

Mohamed Amekraz, ministre du Travail et de l'insertion professionnelle

Mohamed Amekraz, ministre du Travail et de l'insertion professionnelle . DR

Revue de presseKiosque360. Non content d’avoir été épinglé dans l’affaire de la fraude à la CNSS, le ministre Mohamed Amekraz veut se venger. Profitant de sa position de président du Conseil d’administration de cet organisme, il menace de dévoiler les fraudeurs parmi ses adversaires politiques.

Le 10/11/2020 à 10h52

Le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Amekraz, essaye par tous les moyens de faire oublier le scandale dans lequel il s’était empêtré en ne déclarant pas ses employés à la CNSS. Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 10 novembre, que, pour se dédouaner, le ministre tente de démontrer qu’il n’est pas le seul à avoir violé la loi. Du coup, il cherche à culpabiliser des partis et des responsables politiques en les menaçant de dévoiler des procès-verbaux de l'inspection du travail attestant du fait qu’ils sont, eux aussi, en situation irrégulière. 

Selon des sources autorisées, Amekraz profite de sa position de président du Conseil d’administration de la CNSS afin de défier les partis de l’opposition, les responsables politiques et les parlementaires. Le ministre du Travail ne l’a d’ailleurs pas caché quand, lors de la réunion de la commission des secteurs sociaux tenue la semaine dernière, il a pointé du doigt le parlementaire Saïd Baaziz de l’USFP en affirmant que son parti ne déclarait pas ses employés à la CNSS. Une façon de faire pression sur ses adversaires politiques afin qu’ils s’abstiennent de déterrer l’affaire de son cabinet d’avocat, qui n’a jamais déclaré ses deux employés à la CNSS.

Lors du déclenchement de cette affaire, le ministre a essayé de se justifier en affirmant qu’il s’agissait d’une «omission juridique ». Pour un avocat, c’est le comble, mais il faut avouer que les responsables du PJD ont la manie de résister à toutes les tempêtes en pliant l’échine avant de revenir en force. C’est ce qu’a fait le ministre, président de l’administration de la CNSS, en allant fouiner dans les dossiers de ses adversaires politiques pour les mettre devant le fait accompli. C’est de bonne de guerre, mais il faudrait qu’il aille jusqu'au bout, sans se limiter aux menaces, afin que tous les responsables politiques réfractaires régularisent leur situation avec la CNSS. Avant lui, le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, Mustapha Ramid, avait privé de ses droits une collaboratrice décédée depuis. 

Cette femme, qui a exercé pendant 24 ans dans le cabinet d’avocat du ministre, n’avait jamais été déclarée à la CNSS. Face à ce scandale qui a fait le tour des réseaux sociaux où les internautes demandaient la démission de Ramid, le ministre-avocat a, comme ses pairs, eu le courage de se justifier. Sa parade a été on ne peut plus cynique: il a tout simplement chargé le père de la défunte de déclarer aux médias que sa fille avait refusé d’être déclarée à la CNSS. Il y a un proverbe arabe qui dit: «Le chat ne s'enfuit jamais d’une maison où il y a un festin». Un autre adage sied plus à cette justification abracadabrante: «Si tu n’as pas honte, dis et fais ce que tu veux».

Par Hassan Benadad
Le 10/11/2020 à 10h52