Sahara: Nasser Bourita explique les derniers développements à la presse internationale accréditée à l’ONU

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, et l’ambassadeur, représentant permanent du Maroc à l’ONU, Omar Hilale.

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, et l’ambassadeur, représentant permanent du Maroc à l’ONU, Omar Hilale. . DR

Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, a exposé mercredi, à New York, devant des représentants des médias internationaux accrédités aux Nations Unies, les développements ayant dernièrement marqué le dossier du Sahara marocain.

Le 05/04/2018 à 12h21

Nasser Bourita a fait savoir que «sur très hautes instructions du roi Mohammed VI, j’ai remis, avec le Représentant permanent du Maroc à l’ONU, un message écrit de Sa Majesté le Roi au Secrétaire général des Nations unies, M. Antonio Guterres, qui porte sur les développements gravissimes qui se produisent dans la zone à l’est du dispositif de défense, dans la région du Sahara marocain».

Le roi Mohammed VI a eu également un entretien avec Antonio Guterres, a indiqué Nasser Bourita, ajoutant que «de crainte que la situation à Tifariti et à Bir Lahlou, dans cette zone à l’est du dispositif de défense, ne s’enlise, ou ne soit pas résolue, comme cela a été le cas pour la situation à Guergarate, le souverain a tenu à exprimer au Secrétaire général, au nom de toutes les forces vives nationales, toutes tendances et toutes sensibilités confondues, le rejet clair, ferme et déterminé du Maroc de ces provocations, et ces incursions, par le polisario dans cette zone, et qui sont inadmissibles, et inacceptables».

"Sa Majesté le Roi, a poursuivi Naser Bourita, a rappelé au Secrétaire général que «ces agissements constituent une menace au cessez-le-feu proclamé au Sahara depuis le 6 septembre 1991. C’est une violation du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies», a-t-il dit, ajoutant que «ces agissements compromettent sérieusement le processus politique mené sous l’égide exclusive des Nations unies par l’Envoyé personnel, Horst Kohler".

Le souverain a également rappelé au Secrétaire général que dans ce différend régional qui dure depuis plus de 40 ans, «l’Algérie a une responsabilité flagrante. L’Algérie finance, l’Algérie abrite, l’Algérie arme, l’Algérie soutient diplomatiquement le Polisario». C’est pour ces raisons là que le Maroc a toujours appelé à ce que l’Algérie prenne une part importante dans le processus politique, que l’Algérie assume ces responsabilités dans la recherche de la solution, et que l’Algérie joue un rôle à la hauteur de sa responsabilité dans la genèse et l’évolution de ce différend régional.

Nasser Bourita a, en outre, eu une réunion avec le président du Conseil de sécurité de l’Onu pour le mois d’avril, le Représentant permanent du Pérou, Gustavo Meza-Cuadra, pour l’informer de la teneur du message Royal, et des discussions avec le Secrétaire général.

«Le message clair que le Maroc a transmis aujourd’hui à la fois à la présidence du Conseil et au Secrétaire général des Nations unies”, a-t-il expliqué, «c’est un message d’alerte. La situation est grave, et ce qui se passe dans cette zone n’est pas du +business as usual+. On est dans un changement du statut juridique et historique de la zone à l’est du dispositif de défense».

Le Maroc, a-t-il fait savoir, a présenté au SG «des faits et des preuves concernant ces agissements inadmissibles». Ces rencontres ont été l’occasion de rappeler que le Représentant spécial du SG, Colin Stewart, chef de la Minurso, «n’a pas encore été reçu par le polisario, parce que le polisario lui a imposé une condition: qu’il soit reçu à Tifariti ou à Bir Lahlou et non pas à Tindouf, en Algérie, comme cela a été le cas depuis la création de la Minurso».

Ceci, s’est indigné M. Bourita, «est un fait nouveau, un précédent dangereux», ajoutant que «le Polisario entretient un chantage avec la Minurso et avec le Représentant spécial du SG en voulant imposer un lieu de rencontre, qui est à l’intérieur de cette zone, ce qui n’a jamais été fait auparavant”.

Le deuxième fait que la partie marocaine a partagé avec le Secrétaire général, a poursuivi le minsitre, «c’est une lettre du Polisairo au commandant de la force militaire, le 24 mars, dans laquelle le polisario informe la Minurso de son intention d’installer des postes militaires fixes dans cette zone à l’est du dispositif de défense».

Le troisième fait, ce sont les déclarations publiques du Polisairo, encouragé par l’Algérie, concernant le “déploiement de quelques structures du Polisairo de Tindouf vers cette zone. On a parlé d’un soi-disant ministère de la défense, une soi-disant présidence de la république, un secrétariat national du polisario qui seraient transférés de Tindouf vers Tifariti ou Bir Lahlou à l’est du dispositif de défense”.

Le Maroc, a ajouté le ministre, a partagé avec le Secrétaire général des photos satellites qui montrent que des constructions sont faites. «Des images du 8 août montrent qu’il y avait des fondations dans cette zone, l’image du 26 mars montre que les constructions sont complétées et des casernes militaires sont déjà là. Beaucoup de constructions ont été faites entre août et maintenant dans cette zone», a-t-il dit.

Tout cela dénote d’une «volonté du Polisario, encouragé par l’Algérie, pour changer la nature de cette zone», a fait remarquer Nasser Bourita.

«Le Maroc, en partageant ces informations, a souligné de la manière la plus claire, qu’il ne saurait tolérer un tel changement», a-t-il dit, précisant que «si la communauté internationale, le Conseil de sécurité et les Nations unies n’assument pas leur responsabilité, le Maroc assumera les siennes pour empêcher un tel changement, et pour empêcher un tel défi à la légalité internationale et aux résolutions des Nations unies, et une telle menace à la paix et la stabilité dans cette région».

Bourita a rappelé que sur instructions du roi Mohammed VI, le Représentant permanent du Maroc à l’Onu avait déjà saisi le Conseil de sécurité le weekend dernier, en précisant que «si rien n’est fait, le Maroc considérera qu’il s’agit d’un casus belli, et le Maroc en tirera toutes les conséquences».

«Le Maroc, a-t-il ajouté, ne pourra pas permettre ce changement, et que cette zone, qui était confiée aux Nations unies, soit entre les mains d’un mouvement militaire aux connexions douteuses».

Le Maroc, qui a toujours privilégié la paix chez lui, et même ailleurs avec toutes ses contributions aux opérations de maintien de la paix, «tire la sonnette d’alarme que ce qui se passe est intolérable, et appellera à une réaction du Maroc, si le Conseil de sécurité et les Nations unies n’assument pas leur responsabilité», a conclu le ministre.

Le 05/04/2018 à 12h21