Sahara: le "Mouvement Sahraoui pour la Paix" chercherait l'appui des autorités marocaines, selon un magazine espagnol

Haj Ahmed Barkallah, leader du MSP.

Haj Ahmed Barkallah, leader du MSP. . DR

Parmi les "Sahraouis" vivant dans le territoire «sous administration marocaine», et d'autres dans les camps de Tindouf, il n'y a pas d'explication au silence officiel du gouvernement marocain face à l'émergence du "Mouvement Sahraoui pour la Paix" (MSP), selon un magazine espagnol.

Le 29/07/2020 à 15h12

A Tindouf, où le MSP tente d'imposer des valeurs de justice, de démocratie, de droits et de libertés à la population réfugiée, ses militants attendent avec impatience un geste de l'exécutif marocain qui leur indiquerait que la proposition d'autonomie du territoire du Sahara offerte par le roi Mohammed VI inclut également les droits démocratiques et les libertés individuelles, écrit Atalayar, revue ibérique spécialisée dans l'actualité maghrébine et plus largement nord-africaine.

De nombreux "Sahraouis" dans les camps trouvent en effet incompréhensible que le gouvernement de Rabat ne dise pas que "ces valeurs" défendues par le MSP sont inhérentes à la proposition marocaine de solution au problème "sahraoui", indique la revue dans un article de Pedro Canales, ancien correspondant du quotidien La Razon au Maroc.

"Le gouvernement marocain craint peut-être que le soutien aux valeurs pacifiques défendues par le mouvement sahraoui soit mal interprété par l'ONU, mais il a finalement tout à fait le droit de le faire lorsqu'il s'agit de positions politiques et non de soutien organisationnel", précise l'article.

Face au silence des Marocains, les groupes les plus radicaux dans les rangs du "Polisario" trouvent le bon terrain pour se retrancher dans la "ligne dure" exprimée par Brahim Ghali, qui, en plus de hausser le ton, s'est fait dénonciateur à l'ONU, en accusant Haj Ahmed Baricalla, qui dirige le MSP, d'être un traître. Le chef du "Polisario" a, de plus, déclaré que la Minurso ne sera reçue que dans "les territoires libérés" (à Bir Lahlou) situés à l'Est et au sud des murs de défense marocains, et que le "Polisario" ne décidera que des mesures qui contribueront à la mise en œuvre d'un référendum d'autodétermination.

Une position similaire est exprimée dans les villes de l'ancien "Sahara occidental", Laâyoune, Smara, Boujdour et Dakhla, où le MSP a récemment gagné du terrain.

Outre "l'Association sahraouie pour les droits de l'homme" (ASADEH), qui a réussi à obtenir de l’Audience nationale une prolongation du délai d'instruction de l'affaire contre un grand nombre de dirigeants du "Polisario", dont Brahim Ghali, qui est accusé de torture et de crimes contre l'humanité, et en attendant les résultats d'une commission rogatoire dépêchée à Alger, d'autres groupes de défense des droits et libertés dans le territoire ont apporté leur soutien au MSP, indique cet article publié sur le média espagnol. 

Parmi les "militants sahraouis" actifs dans le "territoire du Sahara", une position plus ouverte est attendue de Rabat.

Dans des lettres envoyées par le secrétaire général du MSP aux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, celui-ci précise que l'objectif de cette association: "exercer une influence positive à partir d'une approche réaliste afin de parvenir à une solution mutuellement convenue qui garantisse les droits et les intérêts des parties", ce qui ne laisse aucune ambiguïté sur ce qu'est réellement le "Mouvement Sahraoui pour la Paix", et les objectifs qu'il poursuit.

"La crédibilité de la proposition marocaine d'autonomie avancée pour la région du Sahara est donc en jeu", conclut le journaliste ibérique.

Par Rahim Sefrioui
Le 29/07/2020 à 15h12