Sahara: en perte de vitesse à l’Union Africaine, Alger cherche désespérément des soutiens

Sabri Boukadoum, ministre algérien des Affaires étrangères

Sabri Boukadoum, ministre algérien des Affaires étrangères . DR

Revue de presseKiosque360. A part l’Afrique du sud, plus aucun pays africain ne soutient ouvertement le Polisario. Tous ses anciens amis, ou bien l’ont lâché, ou se sont repliés dans une position de neutralité. Un état des lieux que vient de constater Sabri Boukadoum, lors d’une tournée ratée en Afrique australe.

Le 21/01/2021 à 22h42

Cela fait presque plus de deux semaines que le ministre algérien des Affaires étrangères est en tournée en Afrique australe, une région historiquement, géographiquement et stratégiquement aux antipodes du Maghreb, et donc du conflit du Sahara.Selon Africa Intelligence, dans un article publié ce 21 janvier, sous le titre «Sahara occidental: affaibli à l’Union africaine, Alger tente de mobiliser ses derniers ‘’amis’’», cela n'a pas empêché Sabri Boukadoum de visiter les «rares capitales encore pro-Polisario en Afrique» dans l’espoir de raviver le dossier du séparatisme sahraoui sur lequel l’Algérie a misé, à perte, le gros de ses pétrodollars. Mais «sa déception est grande», rappelle Africa Intelligence, car à part Pretoria, aucune autre capitale parmi la demi-douzaine que Bouadoum a visitées n’a accepté de mentionner le Sahara dans le communiqué final conjoint.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé, voire insisté, mais Boukadoum a finalement été obligé de constater que le «ton a changé» à Luanda et Nairobi surtout, qui ont pris en compte le fait que le Maroc est désormais revenu dans le giron de l’organisation panafricaine et qu’il faut respecter sa souveraineté. Mieux, ces pays ont aussi mis en avant la résolution de l’Union africaine, prise en juillet 2018 à Nouakchott, en vertu de laquelle le dossier du Sahara est du seul ressort de l’Organisation des Nations unies.

Or, Sabri Bouadoum a initié cette tournée africaine en prévision du prochain sommet de l’Union africaine, le 8 février prochain, où il aurait aimé que des voix amies s’élèvent en vue de tenter de faire revenir le dossier du Sahara à la compétence de l’UA, et ce à la faveur de l’élection d’un nouvel exécutif panafricain où l’Algérie n’aura droit à aucun commissaire.

Africa Intelligence rappelle que cette bérézina diplomatique essuyée par Boukadoum en Afrique australe intervient après la déception qu’il a ramenée récemment du Nigeria, losqu’il y était allé pour chercher un soutien suite à l’intervention réussie des Forces armées royales ayant rétabli l’ordre à El Guerguerat. Malgré la présence de certaines personnalités pro-Polisario dans le cabinet du président nigérian Mohamed Buhari, Abuja a clairement signifié à Alger que son credo dans l’affaire du Sahara, c’est désormais la neutralité. Cela, en plus du niet que le géant ouest-africain a opposé à la demande de Boukadoum de renoncer au gazoduc Maroc-Nigeria-Europe. Boukadoum est même allé faire un tour chez le patron de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ajoute Africa Intelligence, laissant évidemment entendre qu’il a, cette fois-ci, mal choisi son interlocuteur, l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou, un ami du Maroc, pour lui demabder de bloquer la candidature de Rabat à la CEDEAO.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 21/01/2021 à 22h42