Rabat: le wali vole au secours du maire islamiste

Mohamed Yacoubi

Mohamed Yacoubi. DR

Revue de presseKiosque360. Pour la deuxième fois, le wali de Rabat est intervenu pour valider le budget du Conseil de la ville, dirigé par le PJD. En tant qu'ordonnateur, il avait auparavant refusé que ce point soit inscrit à l’ordre du jour d’une session extraordinaire, conformément à la loi sur les communes.

Le 10/12/2019 à 19h34

Le Conseil de la ville de Rabat, dirigé par le PJD, n’a pu adopter son budget pour l’année 2020 lors de la session extraordinaire tenue en fin de semaine, à cause de l’opposition du wali Mohamed Yacoubi. Ce dernier a refusé que ce point soit inscrit à l’ordre du jour d’une session extraordinaire, car il viole l’article 36 de la loi organique relative aux communes. Comme le statut de la capitale diffère de celui des autres villes, le wali, qui agit en tant qu’ordonnateur, peut facilement faire passer le budget 2020. C’est d’ailleurs la deuxième fois, après celle de 2017, que la wilaya se charge de la validation du budget depuis que le PJD a pris les rênes de la gestion de la capitale. Au cours de ladite session extraordinaire, le Conseil de la ville a approuvé cinq points figurant dans l’ordre du jour. 

Il s’agit de l’expropriation de biens immobiliers nécessaires à l’extension du boulevard d’Azilal et de la cession d’un terrain à Hay Riad pour la construction du siège de l’Instance arabe de l’aviation civile. La Fédération de la gauche démocratique (FGD) a contesté cette décision, arguant que ce lot de terrain devait être exploité pour construire des équipements collectifs et non cédé d’une manière indue à cette instance. En l’absence de l’opposition, notamment du PAM qui a boycotté la session, les conseillers ont validé la création d’une société de développement local chargée de la gestion du complexe de commercialisation des produits agroalimentaires. 

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mercredi 11 décembre, que le Conseil a approuvé l’annexe d’un accord-cadre relatif au financement d’un emprunt contracté auprès du Fonds d’équipement communal (FEC). Les dispositions de cet accord permettent au ministère de l’Intérieur de prélever directement une part de la recette de la ville en TVA pour honorer les échéances de remboursement du prêt dont a bénéficié le Conseil au temps de l’ex-président Omar Bahraoui. Ce dirigeant du MP avait hypothéqué la capitale contre une lourde dette d’environ 520 millions de dirhams que la commune rembourse au FEC à raison de 70.000 dirhams par an. Au cours de cette session, les conseillers de la FGD ont dénoncé les infractions urbanistiques et les travaux de restauration effectués dans l’ancienne médina dans le cadre du projet «Rabat, ville lumière».

Les composantes de la majorité ont poussé un soupir de soulagement après le boycott du PAM et la validation du budget 2020 par le wali Yacoubi. Les conseillers présents craignaient, en effet, de voir se reproduire le scénario d’une session précédente qui s’était transformée en ring et où le maire avait été agressé physiquement. Les conseillers du PAM reprochent aux autorités de tutelle de fermer les yeux sur les multiples violations commises par le maire. Ce dernier est accusé de dilapider les deniers publics dans des voyages d’agrément et de marginaliser les associations de la société civile, tout en soutenant généreusement celles qui sont fidèles au PJD.

Par Hassan Benadad
Le 10/12/2019 à 19h34