Quand ACAT se dérobe à ses responsabilités

Jean-Etienne de Linares, délégué général de l’ACAT.

Jean-Etienne de Linares, délégué général de l’ACAT. . DR

La justice marocaine a adressé une convocation à l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), qui avait déposé plainte contre le Maroc en mai dernier en France. La réaction de l’ONG confirme l’hypocrisie de sa démarche contre le royaume.

Le 28/01/2015 à 18h36

«Le Maroc assigne en justice des victimes de torture et l’ACAT. On aura tout vu!». C’est le titre qu’a choisi l’Association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) pour réagir à la convocation adressée par la justice marocaine, le 23 janvier, à cette ONG suite à une plainte pour «diffamation, outrage envers les corps constitués, utilisation de manœuvre et de fraude pour inciter à faire de faux témoignages, complicité et injure publique».

ACAT aura pris tout son temps (4 jours) pour peaufiner cette réponse sans pour autant réussir à masquer l’hypocrisie de son action et de sa supposée noble cause. Elle qui s’est permise de porter plainte pour «complicité de torture» contre Abdellatif Hammouchi, le chef de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), qualifie dans son communiqué la contre-plainte marocaine «d’ubuesque». Pire encore, elle y voit une «nouvelle» tentative du Maroc de «faire taire les victimes de torture et les ONG qui luttent contre la pratique de la torture au Maroc».

Et ça ne s’arrête pas là! ACAT se permet des contre-vérités quand elle estime dans sa réaction que le Maroc fait du chantage à la France en réclamant une immunité accordée aux hauts responsables marocains contre une reprise de la collaboration judiciaire suspendue depuis février dernier. Autre exemple: l’ONG qui rappelle que le royaume a participé (en mars dernier) à l’initiative mondiale pour la ratification de la Convention contre la torture assure que depuis, «les mesures de rétorsion à l’encontre des victimes de tortures et des ONG qui luttent contre le phénomène tortionnaire se sont multipliées». Elle n’a pas été néanmoins en mesure de citer un quelconque cas de torture avéré. Même le nom de Zakaria Moumni sur lequel cette association s'est basée pour sa plainte contre le Maroc est paradoxalement tu. Sans doute qu’elle a fini par comprendre que ce maître chanteur notoire n’a plus aucune crédibilité.

Par sa réaction méprisante envers la justice marocaine, ACAT confirme à nouveau que sa plainte contre un haut sécuritaire marocain n’est qu’une machination qui sert les intérêts de personnes qui jubilent en voyant persister le froid diplomatique sur l’axe Rabat – Paris. L’association aurait été plus crédible si elle s’était montrée responsable en affirmant dans son communiqué qu’elle se présenterait devant la justice marocaine. Et pour cause, une association qui prétend faire de l’action contre la torture son cheval de bataille est censée comprendre que la lutte contre ce phénomène commence par le respect du sacré principe de l’Etat de droit…

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 28/01/2015 à 18h36