Pourquoi la ministre kenyane des Affaires étrangères se rend à Tindouf

La ministre kenyane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, est arrivée ce dimanche à Tindouf.

La ministre kenyane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, est arrivée ce dimanche à Tindouf. . dr

La ministre kenyane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, s'est rendue ce dimanche à Tindouf, dans le cadre d'une "visite de travail". Cette visite intervient une semaine après l'annonce de la candidature de la diplomate kenyane, acquise à Alger, à la présidence de la commission de l'UA. Eclairage

Le 04/12/2016 à 23h25

A un mois du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement africains, en janvier 2017 à Addis Abeba, la ministre kenyane des Affaires étrangères, candidate à la succession de la sud-africaine Dlamini-Zuma à la tête de la Commission de l'Union africaine, a choisi Tindouf pour battre campagne! Elle s'est en effet rendue ce dimanche dans les camps où elle a été reçue par son "homologue sahraoui", Mohamed Salem Ould Salek, pour discuter de "questions régionales et internationales".

Il est clair que la chef de la diplomatie kenyane joue à fond la carte du Polisario pour succéder à la présidente sud-africaine sortante de la Commission de l'UA, réputée être hostile à l'intégrité territoriale du Maroc. Il s'avère aujourd’hui que le Polisario est au coeur de l’élection du futur patron de l’appareil exécutif de l'Union africaine. Et ce n’est pas tant le Maroc que l’Algérie qui pèse de tout son poids pour entériner cette réalité.

Alger ne lésine sur aucun moyen pour "imposer" à la tête de la commission de l'UA une personnalité acquise à sa thèse délibérément hostile à la souveraineté du Maroc sur ses provinces sahariennes et, pour l'heure, la ministre kenyane des AE, Amina Mohamed, correspond parfaitement à la ligne de conduite tracée par Alger. La sortie publique de la ministre kenyane, il y a une semaine, pour réitérer le soutien de Naïrobi au "droit du peuple sahraoui à l'autodétermination", a résonné comme un "acte d'allégeance" à Alger, qui constitue, avec Pretoria, l'un des principaux pourvoyeurs de fonds à l'Union africaine.

 "L'éligibilité" de la "future patronnne" de la commission de l'UA est fonction non du projet qu'elle est censée avoir élaborée pour l'Afrique, loin s'en faut. L'"enjeu" est désormais le dégré d'allégeance à la thèse d'Alger qui, a défaut de vision pour l'Afrique, veut continuer à instrumentaliser la structure panafricaine à des fins hostiles aux intérêts de son voisin de l'ouest, à leur tête la marocanité du Sahara.

Une "vision" qui démontre, à qui veut bien voir, qu'Alger n'est pas près de sortir de sa grille de lecture héritée de la défunte Guerre froide. Alors que le royaume multiplie avec volontarisme, les chantiers de développement, jetant les ponts de partenariats entre l'Ouest et l'Est de l'Afrique, à la faveur d'une nouvelle dynamique appelée des voeux des pays africains frères, dirigeants et peuples confondus, Alger veut continuer de botter en touche! Pour quand continuera-t-elle de faire obstruction au projet d'union africaine, vraie celle-là, après avoir "enterré" celui de la construction maghrébine? Une entité fantoche vaut-elle mieux que l'avenir d'un continent qui, à l'instar d'autres, veut sortir du sous-développement et oeuvrer pour la stabilité et la prospérité de ses peuples? Le signal envoyé par les autorités de Naïrobi, pour ne pas parler seulement de celles d'Alger, ne va malheureusement pas dans ce sens. Triste!

Par Ziad Alami
Le 04/12/2016 à 23h25