Passe d'armes maroco-saoudienne au Parlement arabe

Le Parlement arabe.

Le Parlement arabe. . DR

Un vif échange maroco-saoudien a marqué la clôture de la session parlementaire arabe du Caire (du 8 au 11 décembre dernier), quand un député saoudien a exigé l'adoption d'une résolution "condamnant les violations des droits de l'homme en France", notamment contre les Gilets jaunes. Les détails.

Le 18/12/2018 à 14h05

Un vif échange a marqué les travaux de clôture de la session parlementaire arabe qui s’est déroulée du 8 au 11 décembre au Caire, capitale de l’Egypte, a appris Le360 de source parlementaire. Le clash a éclaté lorsque le président du Parlement arabe, le Saoudien Mishaal ben Fahm al Salami (élu par acclamation!), a introduit dans la Déclaration finale, contre toute attente et sans prendre l'avis des participants, quatre résolutions dont l'une «qui condamne la France pour les violations des droits de l'homme, ainsi que la répression des manifestations des Gilets jaunes».

Face à cette décision impromptue, le député PJD Abdellatif Benyacoub a pris la parole pour formuler des réserves sur le caractère non consensuel de la condamnation saoudienne. «J'ai exigé du président saoudien du Parlement arabe l'annulation de la résolution contre la France en exprimant mes réserves qui ont été annotées en marge de la Déclaration finale», a déclaré à Le360 le député marocain.

«J'ai dit au président que la condamnation de la France est inadéquate et infondée», a martelé le député du PJD. «Dans mon intervention, a ajouté Benyacoub, j'ai fait prévaloir le caractère solide, profond et exemplaire de la démocratie en France où les droits de l'homme, contrairement à de nombreux pays arabes, sont respectés». 

Le président saoudien n'a pas apprécié la position du député marocain et a rétorqué que «le Parlement arabe a le droit de prendre position sur tout sujet d'actualité».

Selon d’autres participants à cette conférence, la délégation saoudienne a profité de la réunion du Caire pour «arracher une condamnation de la France dans un esprit vindicatif en relation avec les dénonciations par Paris de l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi par des éléments liés au régime saoudien».

Au Caire, les représentants de l'Irak et du Qatar ont également rejeté la condamnation de la France.

Ce vif échange entre un député marocain et le président saoudien du Parlement arabe est intervenu mardi 11 décembre dernier, soit quatre jours avant la publication sur le site de la Fédération arabe de football, présidée par Turki al Sheikh, également proche collaborateur du prince héritier Mohamed ben Salmane, de la carte du Maroc, amputée de son Sahara. S’agit-il là d’une erreur ou d’un acte prémédité? Etait-ce une riposte à la non-acceptation par le député marocain de la condamnation de la France?

En tout cas, dire qu’un coup de froid souffle actuellement sur les relations entre Rabat et Riyad est un euphémisme. 

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 18/12/2018 à 14h05