Oued Laou: un prêche du vendredi suscite la colère des femmes

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Revue de presseKiosque360. Un imam d’Oued Laou a, dans le prêche de vendredi, traité d’improbes les femmes qui travaillent ou qui exercent dans les domaines associatif et politique. Des propos déplacés qui ont suscité l’indignation des habitantes de cette ville et l’ouverture d’une enquête par les autorités.

Le 26/08/2019 à 21h00

«Les femmes de la ville balnéaire d’Oued Laou ainsi, que celles qui y passent leurs vacances, ont protesté contre le contenu du prêche de vendredi dernier dans la mosquée Ali Omari de Tétouan. Le prédicateur, qui remplaçait l’imam principal alors en voyage, s’est fendu d’un réquisitoire contre la femme en versant dans un rigorisme révolu. Selon certaines sources, ledit Khatib a fait dans son prêche une comparaison saugrenue entre la femme vertueuse et la femme impudique. La première, dit-il, ne sort pas de chez elle et n’exerce aucun travail à l’extérieur, contrairement aux femmes improbes.    Le prêcheur fait allusion aux femmes qui travaillent à l’extérieur de chez elles et à celles qui exercent dans les domaines associatif et politique. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 27 août, que les femmes d’Oued Laou, ainsi que celles en visite dans cette localité, ont été sidérées par les propos déplacés et irresponsables de cet imam. Elles lui ont rappelé qu’au temps du prophète Sidna Mohamed, de nombreuses personnalités féminines étaient influentes dans la vie quotidienne de la société. Certaines d’entre elles se sont distinguées en dehors de chez elles, aussi bien dans le commerce que dans les guerres. A leur tête on trouve Lalla Aicha, l’épouse du prophète.   Les protestations et l’indignation des femmes présentes lors de ce prêche ont été rapportées aux autorités locales qui ont ouvert une enquête sur ce sujet. En parallèle, certaines parties radicalisées essayent, comme à leur habitude, d’atténuer les propos de l’Imam en lui donnant une fausse interprétation. Mais dans pareil cas où l’imam ne respecte pas les règles professionnels et l’esprit de tolérance, la sanction tombe comme un couperet. Le ministère des Habous et des affaires islamiques ne badine avec les dérapages de certains prédicateurs. Dès qu’ils violent la «charte du prêcheur» en traitant des sujets politiques ou en évoquant des revendications sociales, ils sont souvent suspendus par leur ministère de tutelle. C’est ce qui est arrivé à l’imam de la mosquée Echouhada à Rabat pour un prêche considérant comme un péché la célébration des festivités du nouvel an grégorien.  Un autre imam dans la région de Tinghir a été révoqué pour avoir refusé de suivre le texte officiel du prêche du vendredi. L’homme s’est converti en syndicaliste en parlant de «pillage des ressources des richesses de la région», allant jusqu’à demander l’organisation d’une marche de protestation. Pourtant, le dahir régissant la mission des religieux interdit aux imams d’évoquer la politique dans leur prêche, prônant l’esprit de tolérance: «Tout préposé religieux doit, dans tous les cas et tout au long de l’exercice de sa fonction, faire preuve de la solennité, de la probité et de la dignité qu’exigent les missions qui lui ont été confiées». L’article 7 interdit à tout religieux de «violer les conditions de quiétude, de sérénité, de tolérance et de fraternité qui doivent être garanties dans les lieux de culte».»

Par Hassan Benadad
Le 26/08/2019 à 21h00