Malversations: les chefs de 29 partis épinglés par Jettou

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Revue de presseKiosque360. Outre le cas classique de non justification des dépenses, des chefs de parti ont puisé en toute liberté dans les aides accordées par l’Etat. Certains pour payer des billets d’avion, d’autres pour prendre des crédits personnels ou payer le loyer et les employés du siège de leur parti…

Le 16/11/2018 à 19h44

L’Etat verse des subventions aux partis politiques pour les aider à financer leur campagne électorale. Cela est connu. Sauf que certains responsables de partis, pour ne pas dire la majorité d’entre eux, ont tendance à détourner ces aides à d’autres fins. C’est d’ailleurs ce que révèle le quotidien Assabah dans son édition du week-end des 17 et 18 novembre, citant le Premier président de la Cour des comptes, l’ancien Premier ministre Driss Jettou.

Selon le journal, ce sont pas moins de 29 chefs de partis politiques qui ont utilisé les aides de l’Etat pour autre chose que la campagne électorale. D’après Assabah, le PJD a, par exemple, profité de ces aides pour payer des billets d’avion à son ancien secrétaire général, Abdelilah Benkirane.

Le patron du PDN, Abdellah El Kadiri, s’est servi directement dans la cagnotte, s’offrant un crédit gratuit, ajoute Assabah. L’Istiqlal n’a pas, lui non plus, hésité à piocher dans ces aides pour les reverser à ses inspecteurs.

C’est le cas également du MP qui les a versées aux mandataires de ses listes électorales. D’autres responsables de formations politiques en ont profité pour offrir le mouton de l’Aïd à leurs employés ou pour payer le personnel administratif de leur parti ou encore pour rembourser des crédits.

Parmi les 29 partis épinglés par la Cour des comptes, certains ont utilisé ces fonds en dehors des délais fixés par la loi, d’autres n’arrivent pas à fournir de justificatifs des montants engagés pendant leur campagne.

Mais cela n’en reste pas moins une infraction aux règles juridiques encadrant le versement et l’utilisation de ces aides. C’est ainsi, explique le journal, citant un rapport de la Cour des comptes rendu public récemment, que le PJD, alors sous la direction de Benkirane, a dépensé quelque 26.360 dirhams hors délai pour payer des billets d’avion et régler les frais d’entretien des voitures du parti, pour acheter des chaises ou régler des factures de l’imprimerie. 

Quant au Mouvement populaire, il a été incapable de justifier, documents comptables à l’appui, des dépenses de l’ordre de 1,8 million de dirhams. Il s’est contenté de produire des copies de chèques libellés au nom des mandataires de ses listes électorales. Le parti n’a pas non plus pu justifier l’achat d’une voiture de plus de 180.000 dirhams.

C’est le cas également de l’Istiqlal, sous la direction de Hamid Chabat, qui n’a pas pu justifier des dépenses dont le montant dépasse un million de dirhams. Il s’est limité à produire, devant les magistrats de la Cour des comptes, des ordres de virement et des attestations signées par ses inspecteurs affirmant avoir utilisé cet argent pour couvrir leurs frais de déplacement. 

Cela dit, le cas d’Abdellah El Kadiri, patron du PDN, est unique. Selon le rapport de la Cour des comptes, il s’est ainsi servi à sa guise dans ces aides publiques, s’accordant d’abord un crédit personnel de plus de 181.000 dirhams. Il a également payé le loyer du siège de son parti (22.000 dirhams) et les salaires des employés (14.000 dirhams) en plus d’une prime pour l’Aïd d’un montant de 8.000 dirhams, ce qui fait un total de plus de 226.000 dirhams d’aides publiques utilisées à des fins autres qu’électorales.

Sans avoir suivi l’exemple du PDN, le Parti de l’Action s’est servi, lui, de la totalité des aides qui lui ont été accordées, soit 145.500 dirhams, pour payer ses employés.

Les magistrats de la Cour des comptes ont déniché d’autres «perles» comme ces partis, dont le FFD et le PSU, qui ont reversé ces aides à des mandataires de listes électorales fantômes. Le PPS n’a pas pu justifier non plus des dépenses de près de 2 millions de dirhams utilisées pour soutenir ses candidats aux dernières élections législatives.

Au total, 15 partis n’ont pu produire de documents comptables justifiant leurs dépenses électorales. Ce qui en dit long sur la transparence de leur gestion, conclut le journal.

Par Amyne Asmlal
Le 16/11/2018 à 19h44