Libertés individuelles: El Othmani sonne la mobilisation contre les recommandations du CNDH

DR

Revue de presseKiosque360. Quelques jours seulement après la présentation des recommandations du Conseil des droits de l’Homme visant à amender le Code pénal en vue de garantir plus de liberté individuelle, le chef du gouvernement monte au créneau. Pas question pour lui de dépénaliser quoi que ce soit.

Le 03/11/2019 à 21h41

Le débat sur les libertés individuelles est plus que jamais d’actualité au Maroc. L’affaire Hajar Raissouni, une journaliste condamnée pour avortement illégal présumé, puis sauvée de la prison par une grâce du roi Mohammed VI, a relancé le débat sur la nécessaire dépénalisation de l’avortement. Mais pas seulement, puisque le CNDH vient de présenter au Parlement, le 29 octobre dernier, un mémorandum qui préconise une réforme du code pénal marocain en vue de le nettoyer de certaines scories qui entravent la liberté des Marocains, relativement notamment à l’avortement, au viol conjugal, à l'atteinte aux mœurs, à la liberté de conviction.

Selon le quotidien Al Akhbar, dans son édition du lundi 5 novembre, le Conseil national du Parti de la justice et du développement a consacré l’essentiel de sa réunion de samedi dernier, à Rabat, à la discussion des «quatre recommandations» d’Amina Bouayach. Saâd-Eddine El Othmani a ainsi répondu que le PJD n’accepterait jamais d’aller à contre-courant de ses «principes basés sur l’Islam» ni sur ce qu’il appelle les «fondamentaux des Marocains».

Selon le chef du gouvernement, la position officielle du Maroc sur l’avortement a déjà été clairement exprimée lors du débat national qui a précédé la réforme du code pénal actuellement en vigueur dans le pays. Pas question donc de «retourner en arrière», tonne-t-il.

Pour sa part, Al Ahdath Al Maghribia estime qu’El Othmani est en train de sonner la mobilisation politique pout contrer les dépénalisations préconisées par les recommandations du CNDH. En ce qui concerne l’avortement en particulier, le chef du gouvernement a affirmé, pour justifier son rejet de ces recommandations, que le débat est clos car «il y a déjà eu un accord grâce au travail de la commission tripartite comprenant le CNDH, le ministère des Affaires religieuses et celui de la Justice, sous la supervision royale».

Pour claquer davantage la porte devant le CNDH, El Othmani l’a appelé «à discuter plutôt de choses beaucoup plus importantes pour l’amélioration du quotidien des citoyens», selon des propos rapportés par Al Ahdath, avant de conclure: «Nous ne permettrons pas la réouverture de ce débat, et nous n’y serons pas partie prenante».

Une nouvelle guerre est donc ouverte entre le PJD et le CNDH, écrit pour sa part Akhbar Al Yaoum, dans son édition de ce 4 novembre. Selon ce quotidien, le patron du PJD a appelé les parlementaires, ainsi que les militants du parti de la Lampe, à rester «confiants», car rien ne changera, même si certains, selon lui, «tentent de faire revenir les pendules au point zéro»

Par Mohamed Deychillaoui
Le 03/11/2019 à 21h41