Les indemnités des ministres mettent El Othmani dans l'embarras

Le chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani.

Le chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani. . DR

Revue de presseKiosque360. En pleine campagne de boycott, le chef du gouvernement a reçu sur son bureau six décrets d’application explosifs. Il s’agit, entre autres, des textes relatifs aux indemnités et à la retraite des ministres et des membres de leurs cabinets.

Le 03/06/2018 à 22h31

Le chef du gouvernement est dans l’embarras. Son ministre délégué chargé de la Fonction publique vient de lui transmettre, pour validation, six décrets d’application dont il ne sait quoi faire, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du lundi 4 juin. Il s’agit, explique le quotidien, des textes d’application de la loi organique relative au fonctionnement du gouvernement et fixant les indemnités des membres du gouvernement et des membres de leurs cabinets, ainsi que les salaires de certains hauts fonctionnaires.

Le contexte n’étant pas du tout favorable à l’adoption de tels textes, Saâd-Eddine El Othmani ne sait plus à quel saint se vouer. Il a ainsi tenu une réunion urgente, en fin de semaine dernière, avec les membres de son cabinet et certains dirigeants du PJD, pour étudier l’impact de l’adoption de ces décrets dans la conjoncture actuelle. Il a donc décidé de remettre la décision à plus tard, alors même que les six textes avaient bel et bien été validés par le Secrétariat général du gouvernement, ultime étape avant leur adoption en conseil de gouvernement et leur entrée en vigueur après publication au Bulletin officiel.

Concrètement, précise le journal, le premier texte porte sur les indemnités des ministres, officiellement fixées à 70.000 dirhams, dont 50.000 dirhams de salaire. De plus, chaque ministre bénéficie de trois voitures de service, d'un bon de carburant, ainsi que d'indemnités de déplacement et d'une indemnité relative aux honoraires du personnel de maison et aux factures d’eau, d’électricité et de chauffage.

Le deuxième décret fixe la pension de retraite des ministres, qui est ainsi portée à 50.000 dirhams par mois à vie, avec une prime de départ de 700.000 dirhams, soit l’équivalent de dix mois de salaire une fois leur mandat arrivé à terme. Quant au troisième texte, il concerne les secrétaires généraux des ministère dont il fixe les émoluments à 45.000 dirhams par mois, soit le même salaire qu’un secrétaire d’Etat, précise le journal.

Les membres des cabinets des ministres devraient également voir leur salaire revalorisé une fois cette série de décrets entrée en vigueur. Les «cabinards» verront ainsi leurs indemnités passer de 12.000 dirhams à 15.000 dirhams par mois. Les chefs de cabinet, quant à eux, verront leur salaire passer à 25.000 dirhams, sans compter, bien sûr, les diverses indemnités et primes.

Cette panoplie de textes soumise au chef du gouvernement apporte également une nouveauté dans l’organigramme des ministères. Certains membres du gouvernement ont, en effet, fait pression pour créer le poste de directeur central adjoint, en réponse à une requête des milieux syndicaux, confie le journal. Ce poste, qui n’existait auparavant qu’au niveau du ministère de l’Economie et des finances, sera ainsi généralisé à tous les départements ministériels, offrant par la même occasion une opportunité aux ministres d’y placer leurs proches ou des membres de leurs partis.

Cela étant, affirme Assabah, le texte le plus gênant de cette série est sans doute le dernier, puisqu’il prévoit un changement dans les procédures de nomination aux hauts postes de responsabilité. Avec cet amendement, les ministre pourront choisir eux-mêmes, et ouvertement, les personnes qui seront nommées à ces postes. De ce fait, la procédure, actuellement en vigueur, d'appels à candidature et de sélection des dossiers par une commission ad hoc, sera abrogée.

Par Amyne Asmlal
Le 03/06/2018 à 22h31