Les fonctionnaires saignés à blanc par les cadeaux empoisonnés d’El Othmani

Les frères ennemis Abdelilah Benkirane et Saâd-Eddine El Othmani.

Les frères ennemis Abdelilah Benkirane et Saâd-Eddine El Othmani. . DR

Revue de presseKiosque360. Les deux gouvernements dirigés par les islamistes qui se sont succédé au Maroc depuis 2012 ont fait grand étalage de leur populisme sournois. Ainsi, sur le plan social, ils donnent d’une main un petit avantage aux salariés, avant de le reprendre de l'autre.

Le 10/12/2018 à 22h29

Les salariés du secteur public attendent avec une grande appréhension le début de l’année 2019. Car il coïncidera avec une quatrième ponction sur leurs plus ou moins maigres salaires, ponction décidée du temps du gouvernement Abdelilah Benkirane comme panacée pour sauver les caisses de retraite de la faillite.

Deux ans après la mise à la retraite forcée de Benkirane, écrit le quotidien Al Akhbar dans un éditorial paru en Une de son édition de ce mardi 11 décembre, la malédiction des salariés du secteur public continue de plus belle sous le gouvernement Saâd-Eddine El Othmani. 5 milliards de dirhams leur sont soutirés chaque année, depuis 2015, pour sauver les caisses de retraite d’une faillite programmée auparavant pour 2026. Pourtant, de l’aveu même de Saâd-Eddine El Othmani, la réforme des caisses de retraites initiée sous Benkirane n’en est vraiment pas une. Ce qui ne l’a pas empêché, ajoute le journal, de continuer la même politique en ponctionnant chaque année entre 300 et 1.000 dirhams mensuels des salaires fonctionnaires et ce, en contrepartie d’une valorisation salariale qui ne dépasse pas les 100 dirhams annuels et une proposition, toujours en stand by, d’augmenter les petits salaires de 400 dirhams.

Pendant ce temps, tous ceux qui ont dilapidé ou mal géré les caisses de retraite durant plusieurs décennies ne sont pas inquiétés le moins du monde, alors que ce sont les honnêtes fonctionnaires de l’Etat qui sont aujourd’hui obligés de payer les pots cassés à leur place. Et c’est à ce niveau justement que réside le populisme sournois des gouvernements islamistes qui font endosser aux Marocains la mauvaise gestion de certains édiles, en les obligeant à payer ces dysfonctionnements de leurs poches tout en leur faisant croire que c’est dans l’intérêt supérieur du peuple. Résultat des courses: les gouvernements dominés par les islamistes ont rapidement repris d’une main tout ce que leur prédécesseur, Abbas El Fassi, avait donné d’une autre pour acheter la paix sociale et tirer le tapis sous les pieds du mouvement du 20 février.

El Othmani, tout en reniant la réforme des retraites de Benkirane, qu’il a considérée comme un «calmant» et non un remède, donne lui aussi d’une main ce qu’il compte reprendre d’une autre. Ainsi, la ponction annuelle sur les salaires, dédiée aux caisses de retraite, sera réduite cette année à un seul milliard de dirhams (au lieu de 5); mais, en même temps, El Othmani compte économiser 15 milliards de dirhams qui n’iront pas, cette année, à la Caisse de compensation, car il compte lever les subventions du gaz butane, de la farine et du sucre dont profitent des millions de Marocains. Autant dire qu’avec la stagnation des salaires d’un côté et la montée en flèche des prix de l’autre, le cocktail risque d’être explosif.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 10/12/2018 à 22h29