Les "diables" de Benkirane, encore et toujours

Brahim Taougar le360

Le chef du gouvernement s’est lâché ce mercredi lors de sa séance mensuelle à la Chambre des conseillers en adoptant un langage populiste.

Le 19/06/2013 à 18h58, mis à jour le 19/06/2013 à 20h22

Bien qu’étant crispé à l’ouverture de la séance mensuelle des réponses à la Chambre des conseillers, le chef du gouvernement Abdelillah Benkirane a vite retrouvé ses forces face à l’opposition conduite par le PAM pour qualifier une nouvelle fois de "diables" tout ceux qui s’opposeraient "aux réformes" de son gouvernement, mais sans identifier ces parties. Hakim Benchamass, auteur de vives critiques mercredi à l’encontre de Benkrine a reçu à la face trois fois le mot "diables". Il semble avoir également reçu la leçon lorsque le chef du gouvernement lui a signifié qu’il était "malsain de divulguer" des informations véhiculées au cours de délibérations internes à des établissements étatiques.

"Oui… des diables, des diables, de vrais diables"

S’adressant aux conseillers, Benkirane a déclaré : "vous nous avez obligé à ne plus évoquer de qualificatifs dans nos interventions, mais tant pis… je vais reprendre ces qualificatifs : oui des diables, des diables, de vrais s’agitent pour faire blocage aux réformes", a-t-il martelé en réponse à Hakim Benchamass qui lui avait fait part auparavant de l’insuffisance des réalisations socio-économiques accomplies par ce gouvernement mis en place à la fin de 2011.

"Dans ce pays, des parties ont bénéficié de privilèges en s’accaparant des biens (étatiques), dans les mers, les carrières et même dans le domaine forestier. Ceci au détriment des pauvres. Le pauvre n’entrait pas dans leur champ visuel. Elles agissaient pour ses propres intérêts par ceux des couches démunies", a-t-il ajouté dans une salle silencieuse et très attentive. « Nous avons attaqué le problème des fraudes dans l’octroi des licences de transport… vous avez fait un scandale. Nous nous sommes attaqués aux carrières… vous avez fait un scandale. A chaque fois qu’on veut réformer, on se dresse contre nous », a souligné Benkirane.

Au nom de l’intérêt des citoyens

"Nous sommes déterminés à poursuivre les réformes, nous lutterons contre la dépravation et la corruption. Nos choix sont la stabilité et les réformes", avant de lancer un avertissement à ce qu’il a appelé les "vrais diables". "Les gens (au Maroc) réfléchissent avec une nouvelle logique. L’intérêt général et l’intérêt des citoyens priment. Tous les gens sont égaux qu’ils soient dans la montagne, dans les villages, dans les appartements ou dans des villas, ils sont tous pareils quand il s’agit de leur droit et de leur intérêt", a-t-il poursuivi dans un langage populiste.

Le chef du gouvernement a été très dur quand il a évoqué le "vent du 20 février". "Normalement on n’aurait pas du craindre ce vent. Mais remercions Dieu. Nous avons un Roi qui a réussi en 10 jours à proposer un processus de changement", selon le chef du gouvernement en mettant en garde contre le fait que le pays "n’est pas encore sorti de cette épreuve". A un moment, Benkirane a réagi en colère lorsqu’un conseiller a voulu interrompre son discours.

Sur la stratégie du gouvernement en matière de préservation des forêts, le chef du gouvernement a indiqué que le taux de reboisement est passé à 0,2% du territoire contre 0,1%. Il a promis de mettre en œuvre ce reboisement en plantant chaque année quelques 50.000 hectares. Benkirane a précisé que les incendies de forêts détruisaient par le passé quelques 14 hectares d’arbres alors qu’actuellement le feu ne ravage en été surtout que quelques 5 millions d’hectares grâce notamment aux efforts et aux moyens de lutte.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 19/06/2013 à 18h58, mis à jour le 19/06/2013 à 20h22