Législatives 2016: pourquoi les leaders politiques ne se bousculent pas au portillon

Mohand Laensar a rendu visite à Abdelilah Benkirane, accompagné de Saïd Ameskane.

Mohand Laensar a rendu visite à Abdelilah Benkirane, accompagné de Saïd Ameskane. . Le360

Les élections législatives du 7 octobre seront marquées par la défection de nombreux leaders de partis politiques. Et ce, contrairement à une vieille tradition qui voulait que les chefs soient en première ligne. Analyse de ce «revirement» inédit.

Le 27/08/2016 à 20h45

Les prochaines législatives vont rompre avec une tradition politique qui voulait que les leaders des partis politiques se présentent aux législatives, étant sûrs (ou presque) de pouvoir gagner la bataille des urnes.

Pour les prochaines législatives, la donne va changer. En effet, il n'y aura qu'une seule et unique candidature déclarée parmi les huit leaders des partis politiques représentés au Parlement. Il s’agit de celle de Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) et par ailleurs Chef de gouvernement. Benkirane se présentera dans son fief électoral à Salé où les observateurs estiment qu'il a de fortes chances de l'emporter.

Salaheddine Mezouar, président du Rassemblement national des indépendants (RNI) a officialisé sa non candidature. Mohand Laenser du Mouvement populaire (MP) ne pourra pas se présenter vu qu’il est président du Conseil Fès-Meknès et que la loi interdit le cumul des fonctions. Quant à Mohamed Nabil Benabdallah, SG du Parti du progrès et du socialiste (PPS), il argumente sa «défection» par le fait qu’il veut se consacrer à son parti.

Quid de l’opposition ?

Pour sa part Hamid Chabat, secrétaire général du parti de l'Istiqlal (PI) ne compte pas rempiler pour un nouveau mandant de député de Fès. Mais il n’est pas loin, assurent des sources de Le360, que le leader istiqlalien se ravise. "Wait and see!". D’autant plus que l’ancien maire de Fès nous a toujours habitués aux surprises.

Quant à Ilyas el Omari, secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM) et président du Conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, il est, comme Laenser (MP), automatiquement éliminé par la force de la loi interdisant le cumul des fonctions.

En revanche, Mohamed Sajid de l’Union constitutionnelle (UC) ne sera pas de la partie pour des raisons non invoquées. Quant à Driss Lachgar, patron de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), il ne s’est pas encore prononcé. Et pour la petite histoire, si l’on se fie à des sources ittihadies, le SG du parti de la Rose serait en train de chercher une circonscription moins disputée que celle où il avait laissé des plumes.

"Ils ont peur de perdre la face"

Interrogé par Le360 sur cette défection massive des leaders politiques, le politologue Samir Labdi estime qu’il existe sans doute une «crainte» de perdre la bataille des urnes et, la face avec.

«Normalement, les leaders politiques doivent donner l’exemple et concourir lors des élections», souligne Labdi. «Nous n'avons pas un système de bipartisme pour comprendre cette désaffection. Dans ce genre de système, ne pas s'engager a un sens politique pour le leader réfractaire», ajoute-t-il.

La date de dépôt des candidatures a été fixée au 14 septembre prochain, alors que la campagne électorale débutera deux semaines avant les élections, soit le 24 septembre.

D’ici là, pas étonnant qu’il y ait d’énormes surprises. Ainsi va le champ politique national, difficile à cerner même pour le plus rompu des analystes.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 27/08/2016 à 20h45