L'éclairage de Adnan Debbarh. Le pacte de la majorité, de la coalition à l’alliance

Adnane Debbarh.

Adnane Debbarh. . Khalil Essalak / Le360

Le pacte de la majorité signé par les trois leaders de la coalition gouvernementale le 6 décembre 2021, bien que tardif, car cela devait se faire à la constitution du gouvernement, constitue une avancée dans notre pratique démocratique.

Le 07/12/2021 à 16h29

Le Maroc n’ayant connu dans son histoire récente que des gouvernements de coalition, favorisés par le mode de scrutin, nous avons été souvent témoins de comportements irrespectueux de la discipline gouvernementale de la part de certains de ses composants. Manque de solidarité sur certaines décisions, double langage au gouvernement et au Parlement, pis la formule «un pied dedans et un pied dehors» a été utilisée et pratiquée, causant du tort à l’activité gouvernementale.

Le Chef du gouvernement soucieux d’éviter la répétition de ces agissements a pris l’initiative du pacte signé lundi. Tenant par là à formaliser les engagements verbaux des uns et des autres. Tout en sachant qu’au-delà des engagements écrits, il y a un rapport de force en faveur de son parti qui lui permet d’imposer une conduite rigoureuse. Car il ne faut pas oublier que l’actuelle majorité peut être recomposée du jour au lendemain, plusieurs partis cantonnés dans l’opposition «malgré eux» ne demandant qu’à rejoindre le gouvernement.

Souhaitons pour le pays de ne pas en arriver là et posons la question, en vue d’une meilleure compréhension: qu’est-ce qui pousse un parti à faire partie d’une coalition et quels «bénéfices» escompte-t-il en tirer pour performer?

Il y a les «bénéfices» directs: l’attribution de postes ministériels avec tout ce qui s’en suit en emplois des cadres du parti dans les cabinets et certaines fonctions dans l’Etat. Ces «bénéfices» aident le leader à emporter plus d’adhésion à sa ligne au sein de son organisation. Nombre de cadres disciplinés se transforment en farouches opposants lorsqu’ils ne sont pas appelés à exercer une responsabilité. Ensuite, il y a la motivation idéologique, le souhait de mener une politique conforme à ses objectifs et aux intérêts de son électorat. Enfin, demeurer fidèle à ses promesses électorales et pouvoir les imposer aux autres membres de la coalition, surtout si les alliés ont en fait d’autres différentes. Il va de soi que plus un parti est satisfait des «bénéfices» réalisés et plus il aura tendance à coopérer au sein d’une coalition.

Essayons de transposer le cadre théorique exposé ci-dessus à la coalition conduite par Aziz Akhannouch. La coalition actuelle dispose de plusieurs avantages: un référentiel idéologique/programmatique pratiquement unique, elle n’est formée que de trois partis ce qui facilite la communication, elle compte en son sein un effectif important de cadres qui ne demandent qu’à être mis à l’épreuve. En revanche, elle souffre du manque de discipline d’une de ses composantes et traîne des promesses électorales difficilement réalisables dans leur globalité.

Pour obtenir le meilleur de la présente coalition et la transformer en alliance capable de réaliser les objectifs du nouveau modèle de développement et pourquoi pas les dépasser, il appartient à son leadership de favoriser la coopération entre ses composantes. Cela n’est possible que si les égoïsmes sont mis de côté et les motivations comprises de toutes les composantes de la coalition.

Par Adnan Debbarh
Le 07/12/2021 à 16h29