Le roi recadre sévèrement El Othmani et Hafid Elalamy

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Revue de presseKiosquele360. Lors d’une séance de travail tenue jeudi dernier à Rabat, le roi Mohammed VI a sévèrement sermonné le chef du gouvernement et le ministre Hafid Elalamy. En cause, les retards pris dans le programme de la formation professionnelle et le plan d’industrialisation de la région Souss-Massa.

Le 30/11/2018 à 21h52

Le chef du gouvernement n’a pas réussi à convaincre le roi Mohammed VI lors de la présentation du projet de programme de la qualification et de la modernisation du secteur de la formation professionnelle. Il a été contraint de revoir sa copie après avoir bénéficié de la prorogation de deux délais après avoir reçu les instructions royales sur cette question.

Saad-Eddine El Othmani avait présenté, lors d’une séance de travail présidée par le souverain, jeudi dernier, un projet incomplet qui n’a pas obtenu l’aval royal. Un communiqué du cabinet royal indique que «le roi a mis l’accent sur la nécessité de se pencher sur les carences qui caractérisent ce projet ainsi que sur la maitrise des ressources et des mécanismes de son financement».

Le souverain a réaffirmé que «le développement de ce secteur doit se faire selon une vision complémentaire pour réformer le système de la formation professionnelle. Pour ce faire, il faut profiter des expériences internationales réussies notamment en adoptant l’alternance entre la formation théorique et le stage au sein de l’entreprise».

Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du samedi 1er décembre, qu’El Othmani avait demandé un délai supplémentaire après avoir dépassé un moratoire de trois semaines que lui avait accordé le roi. Le chef du gouvernement a justifié cette demande par son besoin d’élaborer un programme avec des projets et des mesures très pointus. Il a ensuite fait un exposé sur l’avancement des préparatifs de la rencontre nationale sur l’emploi et la formation dont l’organisation est prévue avant la fin de l’année.

Mais le gouvernement a aussi échoué dans cette mission puisque le communiqué du cabinet royal a été on ne peut plus clair: «Afin de garantir les conditions nécessaires pour la réussite de cette importante rencontre nationale et lui permettre de faire un saut qualitatif et décisif dans la connexion entre la formation et l’emploi, le roi a convenu avec le chef du gouvernement de reporter ce forum à une date ultérieure». Le souverain a mis l’accent sur «la nécessité de prendre en considération l’agriculture en tant que réservoir d’emploi et d’intégrer la dimension territoriale en tenant compte des spécificités et des potentialités de chaque région».

Le roi a, au début de la séance de travail, demandé des explications sur l’avancement de l’exécution du plan d’accélération industrielle de la région Souss-Massa. Un projet qui connaît lui aussi des carences et dont le souverain avait présidé le lancement le 28 janvier 2018 à Agadir et «qui constitue le début de la mise en œuvre régionale de la stratégie industrielle nationale».

Les termes employés par le communiqué royal laissent penser que le manquement dans l’exécution de cette mission risque de faire sauter de nouveaux responsables. Le souverain a d’ailleurs «attiré l’attention sur le retard pris dans ce projet qui n’a pas avancé depuis son lancement et a demandé aux responsables de ce secteur de multiplier les efforts et d’assumer leurs responsabilités afin d’accélérer sa mise en œuvre dans les délais préétablis».

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia a traité le même sujet dans son édition du samedi 1er décembre, en se focalisant sur le projet d’accélération industrielle de la région Souss-Massa. Tout en rappelant les interrogations du roi sur le retard pris dans ce projet, le journal a rappelé que le ministre de l’Industrie et du commerce, Hafid Elalamy, avait auparavant averti les responsables régionaux des conséquences de l’échec du lancement de ce projet.

Lors d’une réunion qui s’est tenue au siège de la wilaya, Elalamy leur a fait part de ses inquiétudes au sujet du retard pris dans l’exécution des projets lancés par le souverain. Et le ministre d’indiquer que ces dysfonctionnements pourront provoquer une colère royale qui tient à faire le suivi de l’exécution des travaux. D’autant, ajoute-t-il, qu’il s’est passé une année depuis le lancement de ce projet par le roi.

Le quotidien Al Akhbar a traité le même sujet, dans son édition du samedi 1er décembre, en rappelant que le roi avait donné un délai supplémentaire au chef du gouvernement pour élaborer un programme minutieux pour le développement de la formation professionnelle.

La décision royale a été prise après la fin du délai de trois semaines que le souverain avait accordé à la commission dirigée par Saad-Eddine El Othmani. Le communiqué royal avait alors indiqué qu'«à la suite de la fin du délai de trois semaines que le roi avait fixé à la commission dirigée par le chef du gouvernement pour élaborer un programme complet sur cette question, la commission a sollicité un court délai pour terminer sa mission».

Et le communiqué d’indiquer: «Vu l’importance que le souverain n’a pas cessé d’accorder au développement de la formation professionnelle et sa volonté de veiller à la qualité du programme et des propositions que va présenter la commission, le souverain a donné son accord pour cette nouvelle requête».

Par Hassan Benadad
Le 30/11/2018 à 21h52