Le roi plus clément que les «frères»: la fille de Benkirane défend la retraite de son père

Soumaya, la fille d'Abdelilah Benkirane, avec son père en Turquie.

Soumaya, la fille d'Abdelilah Benkirane, avec son père en Turquie. . DR

Sur Facebook, Soumaya Benkirane, fille de l’ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement, défend les «aveux» de son père quant à la pension de retraite exceptionnelle dont il bénéficie. Voici comment.

Le 25/01/2019 à 12h33

Tel père, telle fille. Soumaya Benkirane, fille de l’ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général du PJD (aujourd’hui dirigé par Saâd Eddine El Othmani), est connue pour son audace et ne manque pas de courage. Jeudi, elle en fait à nouveau la démonstration, en publiant un long post sur sa page Facebook. Un post percutant où, dans un mélange d’arabe classique et de darija, elle défend le droit de son père à la pension de retraite exceptionnelle, dont il vient d’avouer être le bénéficiaire.

Dieu, gardez-moi de mes amis...«Ce sont nos proches qui ont été les premiers à reprocher en secret cette retraite à, pourtant, celui qu’ils qualifient de leader de calibre mondial. Et c’est le montant de cette pension (90.000 dirhams par mois, ndlr) qui semble le plus les affecter», affirme ainsi, d’emblée, Soumaya Benkirane. Elle ajoute: «ceux qui véhiculent ce montant sont des menteurs. À ce que je sache, la retraite de mon père est bien moins conséquente et elle ne lui a été accordée qu’il y a à peu près trois mois».

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Pour elle, Abdelilah Benkirane n’a jamais demandé à bénéficier d’une quelconque retraite ou autres privilèges. «Au contraire, il a abandonné son poste de parlementaire et sa retraite administrative, tout comme il a décliné de nombreux avantages. Il est resté pendant des mois sans ressources, prenant en charge sa maison, constamment fréquentée par des invités, grâce à l’argent de ma mère, que Dieu la gratifie».

Soumaya Benkirane ne s’arrête pas en si bon chemin. «Aurait-il voulu remplir sa maison d’or et d’argent, avant, pendant comme après son mandat en tant que chef du gouvernement, mon père aurait saisi un nombre infini d’occasions qui lui ont été offertes. Mais cela n’a jamais été son but dans la vie».

La fille Benkirane profite de cette tribune pour tirer à boulets rouges sur (tous) ces ministres, qu’elle ne nomme pas, qui ont «construit bien des demeures et amassé tant d’argent en profitant de salaires, d’indemnités de transport et d’autres privilèges».

«Mon père, lui, n’a même pas un appartement à lui et sa joie la plus grande est quand il réussit à bien recevoir ses invités et à aider ceux qui le sollicitent», plaide Soumaya Benkirane.

«Qui peut refuser un cadeau de Sidna?»Si Abdelilah Benkirane bénéficie aujourd’hui d’une pension de retraite exceptionnelle, c’est au vu des charges qu’il doit encore supporter, même s’il n’est plus chef de gouvernement. «Sa maison ne désemplit pas et cela nécessite des moyens conséquents. Et c’est là où le geste royal est intervenu», explique-t-elle.

«Informé de la situation que vit mon père, le roi, que Dieu lui accorde longue vie, a bien voulu l'entourer de sa sollicitude. Et qui peut oser retourner le don du généreux? Je défie quiconque de dire non à un cadeau de Sidna», s’exclame, visiblement indignée, Soumaya Benkirane.

Et de conclure par cette phrase lapidaire: «Sa Majesté le roi s’est montré bien plus clément à l’égard de Abdelilah Benkirane que ses frères… Et ceux qui lui envient cette retraite, je [leur] dis que vous ne méritez pas qu'il soit des vôtres. Si votre tête était haute et votre dignité préservée, c’est grâce à lui, et cela vaut tout l’argent du monde».

Sciemment dirigée contre les «frères», la phrase est effectivement une claque...et elle vaut son pesant en or.

Par Tarik Qattab
Le 25/01/2019 à 12h33