Le PJD et le RNI se disputent le ministère de l’Economie et des finances

Le ministère de l'Economie et des finances à Rabat.

Le ministère de l'Economie et des finances à Rabat. . DR

Revue de presseKiosque360. Le remplacement de Mohamed Boussaid, le ministre de l’Economie et des finances révoqué, provoque un conflit secret entre le PJD et le RNI. Les PJdistes cherchent à accaparer ce département tandis que les RNistes tiennent à maintenir ce poste dans leur giron.

Le 09/08/2018 à 11h50

Après la révocation de Mohamed Boussaid, ministre de l’Economie et des finances, une guéguerre secrète a éclaté entre le PJD et le RNI pour récupérer ce poste. Les PJdistes cherchent à s’emparer de ce département alors que les RNistes veulent le conserver en se référant à l’accord conclu dans ce sens lors des négociations pour la constitution du gouvernement.

Depuis le 2 août, c’est Abdelkader Amara, ministre PJD de l’Equipement, du transport, de la logistique et de l’eau, qui a été désigné par le chef du gouvernement pour assurer l’intérim à la tête de ce département. Cette désignation se réfère aux dispositions de l’article 93 de la Constitution, à la loi relative à l’organisation des travaux du gouvernement et à la gestion du statut de ses membres. Elle se réfère aussi au dahir du 7 avril 2017 relatif à la nomination des membres du gouvernement et à celui selon lequel Mohamed Boussaid a été démis de ses fonctions le 2 août dernier.

Notre confrère, Al Ahdath Al Maghribia, rapporte dans son édition du jeudi 10 août, que les dirigeants du PJD refusent que le RNI garde dans son giron le ministère de l’Economie et des finances. Sachant que le président du RNI, Aziz Akhannouch, avait assuré l’intérim de ce département après la fin de la mandature Benkirane et le début des négociations pour la constitution du nouveau gouvernement.

Selon certaines sources, des membres du secrétariat général du PJD font pression sur Saad-Eddine El Othmani pour que ce ministère revienne à un membre de leur parti, sachant que jusqu’à maintenant, le RNI n’a proposé aucun candidat à ce poste. Ces dirigeants du PJD tablent sur le scénario de la fin de mandat de Driss El Azami dans le gouvernement précèdent. Ce qui constitue un changement dans la méthode de la majorité. Lors du séisme politique de 2017 causé par l’affaire "Al Hoceima, phare de la Méditerranée", la majorité gouvernementale avait désigné des remplaçants appartenant aux partis des ministres limogés.

Le PJD n’a pas attendu la nomination d’un nouveau ministre de l’Economie et des finances pour commencer à préparer le budget 2019. Le ministre par intérim, le vétérinaire Abdelkader Amara, a déjà tracé les grandes lignes du projet de loi des finances, deux mois avant de la soumettre au Parlement. Certains assimilent ces agissements à un piège pour mettre la majorité devant le fait accompli.

Selon des sources autorisées, les grandes lignes du projet de loi de finances 2019 ont été déjà élaborées par Mohamed Boussaid avant son limogeage. D’autres estiment que suite au discours royal prononcé lors de la fête du trône, la loi de finances connaitra des modifications, notamment sur le volet social. Le roi Mohammed VI avait critiqué la gestion par le gouvernement de l’aide et de la protection sociale, le manque de coordination entre divers secteurs et la dispersion des fonds d’aide sur plusieurs caisses.

Ces modifications visent à décongestionner certains secteurs par la répartition des emplois, à exécuter les nouvelles réformes dans le secteur des investissements et à revoir la copie des incitations fiscales accordées à une catégorie restreinte de grandes sociétés.

Par Samir Hilmi
Le 09/08/2018 à 11h50