Le gouvernement va-t-il terminer son mandat?

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Revue de presseKiosque360. Entre un Abdelilah Benkirane qui invite le chef du gouvernement à «remettre la clé la tête haute» et un chef de file du PPS qui augure que le gouvernement ne va pas finir son mandat, le commun des Marocains nage dans l’incertitude.

Le 21/04/2019 à 20h03

C’est une question que pratiquement tout le monde se pose. En ce mois d’avril, le gouvernement d’El Othmani vient d’accomplir sa deuxième année aux affaires et entame, par la même occasion, la deuxième moitié de son mandat. Et, à mi-mandat, l’Exécutif peine toujours à trouver une solution à plusieurs problèmes, restés en suspens, comme la «contractualisation», les grèves et manifestations des infirmiers, des étudiants en médecine et des médecins, entre autres. C’est à ce moment que l’un des membres de la coalition gouvernementale, Nabil Benabdellah en l’occurrence, signe une sortie remarquable. Il vient de brosser un tableau sombre de la situation politique et du moral de la majorité.

Le Maroc connaît une «situation d’incertitude», affirme le secrétaire général du PPS, cité par le quotidien Al Akhbar dans sa livraison du lundi 22 avril. C’est un sentiment vécu non seulement par les classes populaire et moyenne, mais également par les milieux d’affaires et les intellectuels, au point d’arriver à la certitude que le gouvernement, dans sa composition actuelle, est incapable de changement, précise Nabil Benabdellah. La majorité est faible, relève-t-il, affectant par sa faiblesse le gouvernement qui ne pourrait certainement pas terminer son mandat.

Certes, le gouvernement a connu des hauts et des bas, en réalité des bas plutôt que des hauts, observent plusieurs analystes, relève le journal. Il a souffert, depuis le début, d’un manque de cohésion patent. Il a également été secoué par plusieurs remaniements ministériels, dont le plus important a coûté leurs postes à plusieurs ministres et secrétaires d’Etat dont le secrétaire général du PPS, dans le cadre de la mise en œuvre du principe constitutionnel de corrélation entre responsabilité et reddition de comptes.

Les déclarations inopportunes de l’ancien secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, n’ont pas non plus rendu la tâche facile à son successeur à la tête de l’Exécutif. Il a failli faire partir en éclats la majorité à plusieurs reprises à cause de ses multiples sorties médiatiques et messages sur les réseaux sociaux. Il a d’abord commencé par attaquer de front deux principaux alliés de son parti au gouvernement, le président du RNI, Aziz Akhannouch, et le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar. Ce qui a eu pour effet l’une des crises majeurs qu’a connues la coalition gouvernementale.

Quelque peu après cette sortie, c’est Saâd-Eddine El Othmani, en clachant l’ancien ministre PPS, Houcine Louardi, qu’il a qualifié de «pire ministre de la Santé qu’ait connu le Maroc», qui est à l’origine d’une nouvelle crise, mais qui a affecté cette fois, principalement, les relations entre le PJD et son «allié stratégique» le PPS.

Avec le renvoi de la secrétaire d’Etat chargée de l’Eau, Charafat Afailale, également membre du bureau politique du PPS, et la réduction de son département à une simple direction chapeautée par le ministre PJD de l’Equipement, El Othmani en remet une couche. Le PPS ne lui a jamais pardonné cette initiative que les camarades de Nabil Benabdellah ont considérée comme un manquement flagrant de la part du PJD à ses engagements au sein de l’instance de la majorité.

Il faut dire, souligne le journal, qu’il n’y a jamais eu de coordination ou de consensus au sein de la majorité à propos d’un quelconque dossier d’importance. Et pour ne rien arranger, le gouvernement d’El Othmani subit également des pressions externes qui ont affecté son action de manière notable. C’est ainsi que l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui n’occupe plus aucune responsabilité ni au gouvernement ni dans le parti, trouve pourtant moyen de déclencher une crise après l’autre au sein de la majorité.

Sa dernière intervention à propos du projet de loi-cadre 51-17 relatif à la réforme du système de l’Enseignement est de loin la plus nuisible. Il a réussi à faire changer d’avis d’un seul coup tout le groupe parlementaire du parti, qui venait pourtant de conclure une entente avec toutes les formations représentées au Parlement. La suite est connue. Le texte en question est toujours bloqué à la Chambre des représentants. L’ancien chef du gouvernement avait même osé «conseiller» à son successeur de «remettre les clés (du gouvernement) et de partir la tête haute» plutôt que de voter en faveur de ce projet de loi. Car, pour Benkirane, il s’agit d’une question de vie ou de mort pour le parti islamiste. «Le vote de ce texte en l’état apporterait un coup fatal au le parti», a-t-il prévenu.

Par Amyne Asmlal
Le 21/04/2019 à 20h03